Depuis plusieurs jours, je vois de nombreux chroniqueurs et commentateurs donner une image idéalisée des étudiants qui militent dans la rue. Changer le monde, défendre des idéaux, se battre pour la justice, lancer le printemps québécois... autant de raisons pour lesquelles les jeunes descendraient dans la rue avec une fougue qui fait envie.

Je suis désolée de briser cette image romantique pour révéler des côtés moins flatteurs de cette génération dont je fais partie.

Dans mes fonctions au sein de la CDJ-ADQ, j'ai côtoyé plusieurs de ces leaders étudiants. Plusieurs d'entre eux sont proches soit de partis politiques, soit de groupes communistes visant à faire de l'obstruction systématique à tout fonctionnement de la société telle qu'on la connaît. Une lecture du site de l'Union communiste libertaire, à laquelle est affiliée la CLASSE, explique pourquoi le porte-parole de cette dernière, Gabriel Nadeau-Dubois s'est fait prier plusieurs jours avant de condamner la violence du bout des lèvres, sans y inclure le vandalisme.

Par ailleurs, ces organisations étudiantes se comportent comme n'importe quel regroupement corporatiste. À ce titre, la principale chose qui les intéresse (et souvent la seule), c'est de défendre le portefeuille des étudiants. Ce ne serait pas un vice si elles ne se drapaient pas dans des principes de «justice sociale» et de «choix de société» afin d'atteindre leurs objectifs.

Depuis de trop nombreuses années déjà, la FEUQ et la FECQ, jointes par l'ASSÉ-Solidarité devenue la CLASSE, ont systématiquement bloqué toute hausse des droits de solidarité avec des menaces de grève parfois exécutées. Elles se sont même permis de claquer la porte d'une rencontre avec le gouvernement, en 2010, sur le financement des universités. Comment espérer un quelconque dialogue avec ces incurables sourds? Seule la grève de 2005 cherchait à défendre la cheville essentielle de l'accessibilité aux études supérieures: les prêts et bourses, un programme maintenant détraqué qui a besoin non seulement d'une bonification, nais d'une refonte complète de ses conditions d'admissibilité et de ses dépenses admissibles.

Lorsqu'on demande aux militants d'où viendra l'argent pour financer cette généreuse subvention aux études, les clichés abondent: faites payer les riches, faites payer les entreprises, épluchez les comptes des recteurs... Cette dernière réponse n'est pas sans fondement, mais elle vise bien plus à refiler la facture à autrui qu'à s'assurer d'une saine gestion des universités.

Et au diable la dette publique, le sous-financement des universités, la taxation élevée des contribuables, les services délabrés! Il est vrai que ces résultats sont surtout l'oeuvre de la génération des boomers. Cependant, toutes les générations devront retrousser leurs manches pour renflouer le navire. Que ce soit la hausse des droits de scolarité et d'autres services sous-tarifés, les redevances sur les ressources naturelles et l'assainissement des finances publiques, l'effort devra venir de partout pour sortir le Québec du trou financier où l'a plongé l'excès de social-démocratie, afin de le laisser en bonne santé sociale, financière et environnementale à nos enfants.

Or, la génération qui s'agite dans la rue ne veut pas tellement rétablir l'équité intergénérationnelle: elle veut surtout profiter, elle aussi, du privilège de pelleter la facture à la génération suivante.

En ce sens, on peut dire que le fruit n'est pas tombé loin de l'arbre. Les enfants ont bien appris de leurs parents.