Le dernier long week-end a été particulier pour plusieurs Québécois de toutes confessions ou sans confession. C'était une occasion de se pencher sur la richesse de notre terroir et de notre agriculture. Si au moins on pensait réellement à cette richesse ou même à la provenance de ces aliments si précieux qui garnissent nos tables...

L'Action de grâce, qui d'abord était une occasion de rendre louange à Dieu, a complètement perdu de son sens. Combien d'entre nous se sont rassemblés en famille, ont partagé un copieux repas et ont eu une pensée pour le dur labeur de nos agriculteurs et la fertilité de la terre québécoise?

On a perdu tout contact avec la terre, avec nos sources. Ce n'est pas une randonnée par année qui va conscientiser vos enfants quant à la diversité de notre agriculture et l'origine de nos aliments. Encore moins les pseudo-discours bio.

De plus, il se trouve que deux jours après l'Action de grâce, c'était la journée de l'alimentation! On nous a martelé toute la journée dans les médias l'importance de ne pas gaspiller des denrées, que l'abondance alimentaire ne sera pas éternelle au rythme auquel nous consommons, et qu'il faut surtout se rappeler de l'origine de nos aliments! Là est la question: l'origine de nos assiettes copieuses!

Savons-nous comment a été élevée la dinde rôtie qu'on s'apprête à dévorer? En combien de temps a crû le veau dont on fait cuire le gigot au four? Non, on ne le sait pas ou on préfère ne pas le savoir!

Loin de moi de faire l'apologie du végétarisme, Dieu sait comment j'aime la viande. Mais ces animaux d'élevage sont entassés comme du bétail - c'est le cas de le dire -, et leur croissance avant d'arriver à terme est phénoménale! Indignez-vous!

Mais non, bizarrement, ce n'est pas au sujet de la surproduction et la maltraitance animale que monsieur et madame tout le monde se soulèvent, c'est à propos des familles qui ont choisi d'abattre des moutons élevés proprement en plein air dans une ferme du Québec!

Le lendemain de l'Action de grâce, les musulmans ont célébré l'Aid el Ad'ha, une fête religieuse qui survient deux mois après la fin du jeûne (une date changeante selon le cycle lunaire). Pour des raisons théologiques, cette fête est soulignée par le sacrifice d'un mouton. Selon la même dynamique que l'Action de grâce, les familles se rassemblent pour partager un repas copieux. Et la famille assure toute la préparation du repas, de A à Z, incluant choix de l'animal qui sera servi à table et son abattage.

Ce qui a indigné tant de Québécois, c'est qu'on voyait à la télé des Arabes «barbares» dans une ferme de la Montérégie qui assistaient à l'abattage du mouton sacrifié, comme la tradition l'exige. Une tradition qui consiste à égorger l'animal afin de le vider de son sang, ce qui soit dit en passant, lui assure une mort rapide. Ils y étaient en famille. Oui, oui, des enfants ont assisté à ce «carnage» ! Indignez-vous! Ces enfants sauront dorénavant d'où vient leur morceau de steak!

Arrêtons sérieusement cette comédie! Pourquoi ces gens, qui tiennent aux valeurs familiales, qui reconnaissent ce que la terre québécoise et Dieu leur accordent, vous font-ils tant peur? Et pourquoi l'oncle qui part à la chasse et revient avec un orignal ou un lièvre est bravement félicité? On n'y voit pas d'actes de barbarie pour la simple raison que la religion n'est pas impliquée?