Pour son exposition de fin de maîtrise, au printemps dernier, Catherine Blanchet a loué un local sur la rue Saint-Joseph qu'elle a transformé en boutique d'objets de décoration et de mode aux allures plutôt chics. Plusieurs passants croyaient même qu'il s'agissait d'un commerce parmi tant d'autres dans le secteur très branché du Nouvo Saint-Roch. Encore en début de pratique, on sent déjà un véritable potentiel chez cette jeune fille dans la vingtaine, qui vient tout juste de sortir de l'École des arts visuels de l'Université Laval.

Aux Ateliers du Roulement à bille, dans le bâtiment qui abritait autrefois la General Bearing, rue De Sainte-Hélène, on rencontre la jeune artiste qui se prépare à déménager, le mois prochain, dans un autre endroit en ville. Dans un coin, quelques-unes de ses sculptures sont déjà rangées à l'intérieur d'une boîte. Elle s'explique d'abord concernant son processus créatif, avant même d'entreprendre un projet artistique quelconque. «Mon travail commence généralement par une sélection et une collecte d'objets dans les magasins d'articles neufs ou usagés. Une fois dans mon atelier, ces formes sont isolées et prennent un autre sens. Je les utilise pour réaliser une recherche plastique, en procédant par assemblage. Mon objectif est de les transformer en vue de modifier nos rapports face à la vie matérielle à l'intérieur du quotidien.»

«Idéatrice»

Intéressée par la mode - elle a elle-même travaillé à la boutique Hugo Boss à Québec -, Blanchet s'est d'abord fait connaître en tant qu'«idéatrice» dans l'entreprise de sérigraphie et d'imagerie Prescription. «Même si on a voulu créer une gamme de vêtements et d'accessoires à caractère unique, conçue à partir de matériaux récupérés, il nous manquait une certaine expérience dans le domaine. J'ai fait des études en histoire de l'art, pour ensuite me lancer véritablement dans la création en tant que telle. Je me suis d'abord intéressée à l'estampe, bien que je me concentre sur la sculpture et l'installation depuis plus ou moins deux ans», laisse entendre cette récipiendaire du premier prix au concours de design Ralph Lauren en 2003.

Après avoir pris part à un collectif chez Tzara en début d'année, c'est son solo Le dimanche des objets qui impressionne avec sa série de bibelots noirs dans un environnement très luxueux et haut de gamme. «Je sais qu'il y a des gens qui considèrent que c'est plus proche du design que de l'art actuel, mais j'aime jouer sur cet effet d'ambiguïté. J'ai tout choisi moi-même : les meubles, la décoration, le contraste du noir au blanc. C'était intéressant, pour ce projet, d'aller vers un local sur une artère commerciale, plutôt qu'une galerie d'art ou un centre d'artistes connu.»

Même si elle demeure consciente que sa démarche reste encore à peaufiner, Blanchet veut poursuivre dans la transformation et l'accumulation d'objets de toutes sortes. «On peut dire, en un sens, que mon atelier se trouve autant ici que dans un lieu comme le comptoir Emmaüs. J'adore flâner dans les magasins. Je suis sans cesse en quête de nouveaux vases ou de bibelots un peu kitsch, que je m'approprie à ma façon. J'ai toujours été fascinée par les objets, surtout les moins utiles. C'est donc une production dans le domaine sculptural qui a conduit à l'exposition Le dimanche des objets», remarque celle qui a aussi présenté ses oeuvres au Théâtre Périscope, chez Engramme, de même qu'à la Galerie de l'École des artsvisuels.

Toujours à la recherche d'un nouvel espace où s'installer, Catherine Blanchet commence à peine une aventure qui l'amènera sans doute très loin. «Je souhaite prendre le temps nécessaire avant d'aller de l'avant avec une autre exposition. Il me reste encore énormément à apprendre.»