Nous vous avons demandé de nous parler de votre expérience comme parents de joueurs. Force est de constater que les comportements déplacés ne sont pas rares autour des jeunes sportifs, mais au moins, les bons moments sont aussi fréquents et précieux.

Fierté partagée

Un beau moment sportif : je me souviens d’une compétition québécoise d’escalade où deux de mes enfants participaient, à Horizon Roc, à Montréal. Quelques membres d’une équipe adverse étaient venues coucher à la maison… ça en dit long sur l’esprit de compétition ! Il y avait plusieurs regroupements dans la compétition, selon la discipline (habileté, vitesse, bloc) et l’âge des participants. La voie des grands pour l’habileté était particulièrement difficile et personne ne se rendait au bout, ce qui permettait de départager. Mais quand une jeune fille de Québec – qu’on avait remarquée dans le circuit – s’est approchée, l’ensemble du gymnase s’est tu, et l’a regardée grimper avec agilité. Quand elle a complété la voie jusqu’au bout, parce que c’était ce à quoi on s’attendait, tout le monde a applaudi, peu importe les couleurs de son équipe. C’était vraiment un magnifique moment de fierté pour tous.

Helene Ammann, Montréal

L’exemple vient d’en haut

La fin de semaine dernière, j’arbitrais un match de niveau pee-wee B lorsqu’un joueur a tenté de marquer un but avec le fameux Michigan [un but marqué de derrière le filet, la rondelle soulevée dans les airs à plat sur la palette]. Tentative ratée, mais même l’équipe adverse a applaudi la tentative. Une manœuvre rendue populaire depuis que plusieurs joueurs de la LNH et d’autres circuits professionnels ont réussi à marquer des buts de cette façon. C’est bien connu, nos jeunes joueurs imitent les joueurs professionnels. Non seulement les joueurs, mais également les entraîneurs. Idem pour les spectateurs. Il suffit de regarder quelques matchs professionnels pour s’apercevoir que nos jeunes ainsi que leurs entraîneurs et parents n’imitent pas seulement les gestes techniques, mais aussi l’ensemble de leurs comportements, bons ou mauvais. Tant que ces comportements seront tolérés dans les rangs professionnels, il sera difficile de mettre de l’avant l’esprit sportif dans nos arénas. J’arbitre toutes les fins de semaine et j’observe à l’occasion des comportements absolument répréhensibles du niveau atome au junior. Mais la grande majorité des joueurs, entraîneurs et parents sont irréprochables et c’est une minorité qui entache le sport. Dans nos efforts pour promouvoir l’esprit sportif dans nos arénas, cela nous aiderait si les professionnels montraient l’exemple.

Benoit Masse, Montréal

Moins de jugement qu’un enfant

Lors d’un tournoi de hockey, un parent, qui avait sans doute bu quelques bières de trop, a tenu tout au long du match des commentaires très désagréables à l’endroit des arbitres. Lors de la nomination du joueur du match, mon petit-fils de 8 ans me dit qu’on aurait dû remettre le titre à ce parent, en lui disant : « Bravo, mon champion ! » Un enfant de 8 ans peut avoir plus de jugement qu’un parent dans un aréna.

Marie-Claude Mayer, Lac-Saint-Paul

Semer de l’espoir

Je suis la maman de trois garçons. Mes deux plus vieux font plusieurs sports dont du hockey avec les Sieurs de Longueuil, de la compétition de natation, du triathlon, etc. Nous avons été témoins de plein de belles et de moins belles choses depuis deux ans. L’évènement qui m’a le plus marquée est quelque chose de positif qui s’est passé en novembre dernier alors que mon fils participait au tournoi pee-wee de Longueuil. Son équipe a affronté en quart de finale les Husky, de Lévis. La partie était très serrée et les Husky ont gagné. À la fin de la partie, lorsque le joueur du match pour l’équipe perdante a été nommé, les Husky se sont avancés tous en même temps pour entourer et féliciter le joueur du match de l’équipe de mon fils. J’ai trouvé cela très touchant. Maintenant, l’équipe de mon fils fait la même chose en tournoi ! Ils ont réussi à semer une graine qui semble vouloir germer !

Genevieve Bettez, Lévis

Pénalité de « foule »

Sensationnalisme ! Je parcours les arénas du Québec depuis plus de 10 ans et le climat est très stable. Solution simple : permettre une pénalité de « foule » comme il existe des pénalités de banc pour les entraîneurs. Un petit deux minutes pour signifier à un ou deux parents qu’ils doivent se calmer. La pression des parents restants ferait le reste du travail…

Marc Tremblay, La Malbaie

Le prix à payer

En tant qu’arbitre, entraîneur et président du club de soccer de Jonquière, j’ai eu à intervenir d’une façon ou d’une autre dans des situations de violence envers les arbitres. Le code de conduite des parents de notre club était très explicite et les consignes à nos arbitres, très claires. Rapporter toute incorrection, arrêter la partie lors de violence verbale envers eux ou les joueurs, exiger que les équipes soient responsables de leurs partisans, etc. Un grand-père hurlant contre une jeune arbitre dans le stationnement fut la pire situation et notre comité de discipline avait toute latitude pour interdire l’accès aux terrains aux partisans déviants, quitte à ne plus permettre à certains jeunes de jouer. Il y a un prix à payer en tant que club sportif pour limiter au maximum toute violence, envers les arbitres en particulier. Sans eux, pas de jeu possible, ils sont essentiels.

Serge Harvey, Saguenay