Le siège du Canada aux Nations unies est demeuré vacant, mercredi, lors du discours du président de l'Iran, Mahmoud Ahmadinejad.

Le premier ministre canadien Stephen Harper blâme le président iranien pour son déni continu de l'Holocauste et ses vues hostiles à l'égard d'Israël. De passage à Oakville en Ontario, mercredi, M. Harper a affirmé que les déclarations du président iranien sur Israël et le peuple juif sont «inacceptables et honteuses».

«Par notre absence, a-t-il ajouté, nous déclarons très fort notre perspective sur de telles déclarations.»

M. Harper a reproché également au président iranien ses «ambitions nucléaires», sa façon de traiter les manifestants qui s'opposent à son régime ainsi que son refus de libérer un journaliste canadien du magazine Newsweek, Maziar Bahari, retenu en Iran sans qu'il soit accusé de quoi que ce soit.

Le premier ministre canadien ne se trouve pas à New York pour les discours des chefs d'Etat et de gouvernement à l'assemblée générale de l'ONU. Il y a délégué son ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. Celui-ci doit prononcer son discours samedi soir.

Devant un parterre à moitié vide, Mahmoud Ahmadinejad a insisté sur le rôle qu'il pense avoir à jouer sur la scène mondiale: il est prêt à serrer toutes les mains qui «lui sont honnêtement tendues».

Il a décrit l'Iran comme le défenseur des pauvres pays en développement, s'en prenant au capitalisme sauvage qui, selon lui, a atteint la fin de sa route et subira le même sort que le marxisme.

A ce moment précis, la délégation américaine est sortie de la salle.

À la tribune de l'ONU, Nicolas Sarkozy a lui aussi averti l'Iran. «Je veux dire aux dirigeants iraniens qu'en misant sur la passivité de la communauté internationale pour poursuivre leur programme nucléaire militaire, ils commettraient une tragique erreur», a-t-il affirmé.

Le président français a donné jusqu'à décembre à l'Iran pour changer d'attitude.

«Nous sommes prêts à étudier de nouvelles sanctions», a dit à son tour le Premier ministre britannique Gordon Brown.

Le président russe Dmitri Medvedev, jusqu'à présent très réservé sur de nouvelles sanctions, ne les a pas exclues.

«Les sanctions débouchent rarement sur des résultats productifs, mais dans certains cas des sanctions sont inévitables», a-t-il déclaré.

Sans citer l'Iran ou la Corée du Nord, son homologue chinois Hu Jintao a appelé à des «mesures crédibles» pour combattre la prolifération des armes atomiques et aller vers un désarmement nucléaire.

Sa déclaration est intervenue à la veille de l'adoption d'une résolution, sur proposition américaine, du Conseil de sécurité appelant à une coopération en vue d'une planète dénucléarisée.

Les grandes puissances soupçonnent depuis 2002 l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce que Téhéran nie farouchement, proclamant son droit à enrichir de l'uranium.

Lors de son allocution, le président iranien s'est livré à un long réquisitoire contre l'état actuel du monde, reprenant à mots voilés la rhétorique classique du complot juif.

«Il n'est plus acceptable qu'une petite minorité domine la politique, l'économie et la culture dans une large partie du monde grâce à ses réseaux sophistiqués, instaure une nouvelle forme d'esclavage et nuise à la réputation d'autres nations (...), afin d'atteindre ses objectifs racistes», a-t-il dit.

Campés devant le siège de l'ONU, des milliers de manifestants dénonçaient dans le même temps la présence aux Etats-Unis du président iranien.

Les six pays chargés du dossier iranien (Allemagne, Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) doivent reprendre des négociations le 1er octobre à Genève avec l'Iran, après quatorze mois d'interruption.

Leurs ministres des Affaires étrangères ont diffusé mercredi soir une déclaration commune appelant à «une réponse sérieuse de l'Iran» à Genève.

Ce texte ne fait pas mention de nouvelles sanctions ni d'un calendrier avec ultimatum qui pourrait être imposé à Téhéran.

Certains experts estiment que l'Iran pourrait n'être qu'à quelques mois de la capacité de fabriquer une bombe et Israël a prévenu qu'il empêcherait cela, au besoin militairement.

- Avec AFP