Dans un geste qualifié d'historique, le Conseil de sécurité a adopté hier une résolution par laquelle il s'engage à «poursuivre un monde plus sûr et à créer des conditions pour un monde sans armes nucléaires».

Cette résolution, pilotée par le président Barack Obama, a exigé des mois de négociations. Elle appelle les États signataires du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) à respecter leurs obligations, et enjoint aux autres pays dotés de l'arme atomique d'adhérer rapidement à cet accord international.

Le Conseil de sécurité appelle aussi l'ensemble des États à s'engager dans des négociations visant à réduire leurs arsenaux nucléaires. À abandonner tout essai nucléaire. Et à négocier dès que possible un nouveau traité interdisant la production de matériaux fissiles à des fins militaires.

C'est un premier pas «vers un monde sans armes nucléaires», s'est réjoui hier le président Obama.

Cette résolution «extrêmement importante» relance le processus de désarmement qui s'était effiloché dans les années 90, souligne le politicologue Frédéric Mérand, du Groupe interuniversitaire d'étude et de recherche sur la sécurité internationale, à Montréal.

Pour la première fois depuis sa création, la séance du Conseil de sécurité était présidée par un président américain. En soi, c'est «hautement symbolique», dit Frédéric Mérand. Et le symbole est d'autant plus fort que la résolution votée à l'unanimité hier valide la démarche de désarmement nucléaire que Barack Obama a lancée en avril, à Prague.

Fait à souligner, le président des États-Unis a cueilli hier les fruits diplomatiques de l'abandon du projet de bouclier antimissile, que l'administration de George W. Bush prévoyait installer en République tchèque et en Pologne.

La Russie était fortement opposée à ce projet, qu'elle voyait comme une menace potentielle dirigée contre son territoire. La mise au rancart du projet avait été accueillie avec un soupir de soulagement à Moscou.

Et il y a quelques jours, le président russe Dimitri Medvedev a renvoyé l'ascenseur à son homologue américain, en se disant ouvert à d'éventuelles sanctions contre l'Iran - État que l'on soupçonne de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert de projets civils.

Ce changement de cap marque un déblocage significatif entre les deux pays qui possèdent 90% des armes nucléaires de la planète: la Russie et les États-Unis. «Le projet de bouclier antimissile encourageait carrément la Russie à relancer son programme nucléaire», dit Frédéric Mérand.

La résolution, qui porte le numéro 1887, a exigé quelques contorsions diplomatiques. Afin de ne pas froisser la Chine, elle ne mentionne pas directement l'Iran, pas plus qu'elle ne nomme la Corée du Nord, autre pays qui aspire à faire partie du club nucléaire.

La résolution d'hier est toutefois loin de conduire directement à un monde sans armes atomiques, avertissent les sceptiques. Obama se fait des illusions sur la probabilité que cette résolution entre réellement en vigueur, et il «exagère ses potentielles retombées positives», met en garde Henry Sokolski, du Non Proliferation Policy Education Center, cité par le Washington Post. Comme d'autres critiques, celui-ci croit que Barack Obama mise trop sur des traités qui pourraient ne pas être ratifiés avant plusieurs années.