Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi pour réclamer un accord ambitieux et contraignant sur la lutte contre le réchauffement climatique, à travers le monde et à Copenhague, où la police a procédé à plusieurs centaines d'interpellations.

Au moins 30 000 personnes, selon la police, une centaine de milliers selon les organisateurs, ont défilé dans le froid dans la capitale danoise, en marge de la Conférence des Nations unies sur le climat, chargée d'aboutir d'ici vendredi à un accord pouvant entrer en vigueur le 1er janvier 2013.

Pour Connie Hedegaard, présidente danoise de la conférence climat, la mobilisation croissante sur le climat à travers le monde, illustrée par ces manifestations, a contribué à rendre «le prix politique» d'un échec à Copenhague très élevé.

Les incidents dans la capitale danoise se sont produits peu après le départ du cortège, quand un groupe de 300 manifestants, entièrement vêtus de noir, ont brisé des vitrines à coups de pavés et de marteaux, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des policiers anti-émeutes sont aussitôt intervenus sans ménagement. Au total, la police a annoncé l'interpellation de quelque 968 personnes, essentiellement selon elle des membres «des Blacks Blocs», ces groupuscules ultra-violents qui s'étaient notamment illustrés au sommet de l'OTAN à Strasbourg, dans l'est de la France, en avril.

La coalition Climate Justice Action (CJA), l'un des organisateurs de la manifestation, a dénoncé les conditions dans lesquelles des centaines de militants ont été interpellés «sans distinction», soulignant qu'une centaine d'entre eux «étaient toujours retenus dans la rue samedi soir «menottés et maintenus en position assise malgré le froid extrême».

Parti du Parlement, le cortège, plutôt bon enfant, a pris la direction du Bella Center, site des négociations. Les manifestants se sont arrêtés à 500 mètres environ du bâtiment, sans chercher à y pénétrer.

Une scène avait été dressée pour accueillir les orateurs prévus, avant une veillée aux chandelles avec la participation de l'ancien archevêque sud-africain du Cap, Desmond Tutu.

La majorité des manifestants étaient venus en car et en train des grandes villes d'Europe, mais de nombreux Asiatiques, dont quelques Chinois et Coréens, étaient également présents ainsi que des Africains.

Près de 3 000 personnes, pour la plupart en imperméable bleu ciel, avaient formé un premier rassemblement dans la matinée à Copenhague à l'appel des Amis de la Terre, qui entendaient former des «marées bleues» pour la «justice pour le climat».

«Aujourd'hui, nous descendons dans les rues pour demander réparation de la dette écologique en faveur du Sud», expliquait Lidy Nacpil, militante philippine de la Jubilee South Coalition à Copenhague.

«On ne peut pas continuer à se dire: "On a du temps"», a estimé la chanteuse béninoise Angélique Kidjo. «Il y a des rivières qui s'assèchent en Afrique, des cours d'eau où on peut marcher comme on ne l'avait jamais fait avant. C'est maintenant ou jamais», a-t-elle déclaré à l'AFP en marge de la manifestation.

Pour la première fois dans l'histoire de la diplomatie climatique, née en 1992 avec l'adoption de la Convention de l'ONU, le mouvement altermondialiste s'est rapproché des organisations environnementales.

L'eurodéputé français José Bové, figure de l'altermondialisme, a expliqué être venu à Copenhague pour «lier justice climatique et justice sociale» : «Aujourd'hui, il n'y pas de coupure entre le combat contre le réchauffement climatique et le combat pour un autre monde».

La région Asie-Pacifique, qui abrite de nombreuses îles particulièrement vulnérables au réchauffement, avait donné le coup d'envoi des manifestations. Quelque 50 000 personnes, selon les organisateurs, étaient descendues dans les rues en Australie.

A Manille, quelques centaines de personnes, étudiants pour la plupart, ont défilé en rouge, arborant des bandanas vantant l'énergie solaire.

A Hong Kong ou Djakarta, mais aussi au Canada, des rassemblements de quelques centaines de manifestants se sont également tenus pour réclamer une action énergique contre le changement climatique.

A Washington, quelques dizaines de manifestants favorables à une forte implication des Etats-Unis dans la lutte contre le réchauffement climatique ont érigé, pacifiquement, une arche de Noé.

En France, les manifestations organisées par le réseau «350» ont rassemblé quelques centaines de personnes, notamment à Paris, Marseille, Lille, Bordeaux et Lyon.

A Genève quelques dizaines de personnes se sont rassemblées.