Selon la direction de la prison d'Angola, il n'y a pas de confinement solitaire en Louisiane. « Il s'agit d'un vieux terme désuet », nous a dit la directrice-adjointe de la prison, Cathy Fontenot, qui maintient que, même maintenus en isolement, les prisonniers « peuvent se rencontrer et ont accès chaque jour au personnel, aux cadres de la prison et aux bénévoles ».

Robert King, qui a passé 29 ans dans ce qu'il considère comme du confinement solitaire, rétorque qu'un juge fédéral a déjà statué que ce type d'isolement était « cruel ».Amnisty International a condamné la pratique de confinement solitaire car elle est contraire aux droits de l'Homme et aux traités internationaux selon lesquels le confinement solitaire prolongé peut être comparé à de la torture et à un traitement inhumain et dégradant.

Terry A. Kupers, psychiatre reconnu aux États-Unis, a étudié les effets psychologiques du confinement solitaire. Il estime que cette pratique cause une « douleur sévère, des souffrances et des dommages psychologiques » pouvant mener au suicide.

« Quand la violence et les taux de suicide ont augmenté de façon vertigineuse dans les prisons à sécurité maximum à la fin des années 80, les autorités auraient dû reconnaître leur erreur en arrêtant la croissance de la population dans les prisons, avec une réforme de la durée des sentences et des programmes communautaires pour traiter les cas de drogues plutôt que d'incarcérer, dit M. Kupers. On aurait pu rétablir les programmes de réhabilitation dont les fonds ont été coupés parce que des politiciens ont peur d'être perçus comme dorlotant les détenus. À la place, les autorités ont sottement créé des unités d'isolement et, depuis, on constate une épidémie de dépressions nerveuses et de suicides découlant d'inactivité à long terme et d'isolement. »

À la suggestion de Mme Cathy Fontenot, directrice adjointe de la prison d'Angola, La Presse a tenté en vain d'avoir des commentaires du Procureur général de la Louisiane, Buddy Caldwell, au sujet du confinement solitaire et des Black Panthers emprisonnés. Mme Fontenot a toutefois tenu à dire que les autorités d'Angola croient plus que tout « en la réhabilitation morale » des prisonniers, « parce que nous avons vu des hommes changer à Angola et que nous supervisons la prison sans oppression et avec justice », dit-elle.