Celui qui semblait prendre un malin plaisir à être craint au temps de sa présidence utilise maintenant l'humour pour redorer son blason et amadouer son public.

C'est ce qu'a fait hier George W. Bush à Montréal devant environ 1000 personnes qui avaient déboursé quelques centaines de dollars pour l'entendre à l'hôtel Reine Elizabeth. Tout en défendant son bilan bec et ongles, il n'a pas hésité à donner à plusieurs reprises dans l'autodérision.

Il a notamment raconté de quelle façon cesser d'être l'homme le plus puissant de la planète du jour au lendemain est une leçon d'humilité. Entre autres parce qu'il doit promener son chien et en est réduit à une tâche terre à terre qui lui était jadis inconnue. «Je suis le gars qui a le sac en plastique dans sa main», a-t-il lancé.

En l'espace de quelques minutes, au début de son allocution, on a donc eu droit à de multiples plaisanteries au sujet de ses gaffes, de sa maîtrise de l'anglais et même de son intellect. Il va publier ses mémoires l'an prochain, a-t-il annoncé, précisant que plusieurs estimaient qu'il n'était même pas capable de lire un livre.

Démocratie et liberté

Dans le cadre de ce qui ressemblait à une opération de charme, Bush a par ailleurs remercié le Canada pour ses efforts en Afghanistan, affirmant que le pays «porte un poids disproportionné de la mission» dans ce pays.

Il a admis, gêné, qu'il visitait Montréal pour la première fois. Mais s'est aussitôt targué de connaître depuis longtemps «le Rocket et le Pocket Rocket».

Ainsi, si des manifestants à l'extérieur de l'hôtel ont dénoncé sa venue, Bush s'est plutôt mérité des applaudissements nourris à l'intérieur de l'établissement.

Particulièrement lorsqu'il a fait état de son mot d'ordre dans le cadre de la guerre contre le terrorisme : «Prendre l'offensive, demeurer à l'offensive et être implacable.»

Ou encore lorsqu'il a rappelé les piliers de sa politique étrangère : répandre la démocratie et défendre la liberté partout dans le monde.

Comme il l'a si souvent fait au cours de sa présidence, il a jugé les conflits en Afghanistan et en Irak intimement liés. «Deux fronts de la même guerre», a-t-il expliqué. Celle contre le terrorisme déclenchée après les attaques du 11 septembre 2001.

D'ailleurs, a-t-il ajouté lorsqu'il a été questionné par l'animateur de la conférence - John Parisella, futur délégué du Québec à New York -, le monde doit probablement une fière chandelle à son administration. Parce qu'en débarrassant le monde de Saddam Hussein, elle a permis d'éviter une «course à l'arme nucléaire» entre l'Irak et l'Iran.

Garder le cap

Par-dessus tout, Bush s'est présenté comme un leader qui n'a jamais gouverné en se basant sur des sondages. Et qui n'a pas cherché à être populaire. Un président ayant su garder le cap et «prendre des décisions difficiles» même quand la mer était houleuse.

L'ancien président a dit à plusieurs reprises que ses décisions ont été prises à partir de «principes» qui sont demeurés les mêmes du début à la fin de ses deux mandats.

Il ne s'est donc pas le moins du monde montré repentant. Il a même prédit que les républicains, après avoir essuyé de lourdes pertes l'an dernier, feront des gains en 2010.

S'il est encore trop tôt pour prédire avec certitude que les républicains séduiront l'électorat américain plus que les démocrates l'an prochain, il est permis d'affirmer que Bush, qui a quitté la Maison-Blanche avec une cote de popularité de 22 %, a réussi hier à séduire plusieurs Montréalais.