Le président de la Fédération des travailleurs du Québec Michel Arsenault a déclaré, vendredi, que les enquêtes publiques sont des spectacles inutiles ne permettant pas de faire la lumière sur des questions controversées.

M. Arsenault a affirmé que dans le passé, ce genre d'investigation n'avait jamais rien réglé, et qu'instituer une enquête publique sur la construction pourrait même nuire aux enquêtes policières amorcées à la suite d'allégations de malversation dans ce milieu.

Le chef syndical, qui a dû se défendre en mars dernier à cause d'un séjour sur le bateau du controversé entrepreneur en construction Tony Accurso, a expliqué que les commissions d'enquête ne servent à rien, si ce n'est qu'elles procurent des histoires juteuses aux journalistes.

«Ca fait une grosse «baloune» mais en bout de piste on règle quoi? a-t-il demandé. Non, on n'en veut pas, on veut que la police fasse son travail.»

M. Arsenault a affirmé que la FTQ avait été particulièrement échaudée par le déroulement de la commission d'enquête sur les dépassements de coûts du chantier de l'usine Gaspesia, présidée par le juge retraité Robert Lesage.

M. Lesage a présenté il y a quatre ans un rapport dans lequel il pointait notamment du doigt la centrale syndicale.

M. Arsenault a aussi fait référence à la commission présidée par Robert Cliche, sur le milieu de la construction, qui s'est traduit, dans les années 1970, par la mise en tutelle d'unités syndicales de la FTQ.

«C'est le président de l'enquête qui décide de la façon dont ça se fait, a-t-il déploré. On a voulu présenter des mémoires et assigner des témoins et on n'a pas été capable. Aujourd'hui on voit le juge Lesage, qui a pris sa retraite et qui donne ses commentaires personnels sur Chandler. La commission Cliche ç'a été la même chose.»

M. Arsenault a répété que la centrale syndicale préférait, tout comme le gouvernement du premier ministre Jean Charest, que les enquêtes policières suivent leur cours sur les allégations dans la construction.

«Si on a des raisons de croire que des choses ne sont pas correctes, que la police fasse son rapport», a-t-il dit.

M. Arsenault a reconnu qu'il y avait un problème de blanchiment d'argent dans le milieu de la construction, ce contre quoi la centrale lutte depuis plusieurs années.

«On n'en blanchit pas d'argent, à la FTQ, a-t-il dit. C'est les entrepreneurs qui font ça. Il y en a, et je peux vous dire qu'on fait des plaintes depuis une trentaine d'années à la FTQ-Construction contre le blanchiment de l'argent.»

Le chef syndical a répété que la filiale d'investissement du syndicat, le Fonds de solidarité FTQ, avait bénéficié de ses partenariats financiers avec M. Accurso, qui a été souvent cité au cours des derniers mois à cause de liens présumés avec des politiciens et des représentants de la FTQ.

M. Arsenault a rappelé qu'aucune accusation n'avait été déposée contre l'homme d'affaires, qui a récemment intenté une poursuite en diffamation contre Radio-Canada, en même temps qu'il a démenti que trois ministres de M. Charest avaient séjourné sur son somptueux yacht.

«C'a été un bon partenaire, a-t-il dit. Maintenant, est-ce qu'il y a des accusations présentement contre M. Accurso? Est-ce qu'il y en a présentement?»

M. Arsenault été rattrapé malgré lui par ce dossier chaud, vendredi, alors qu'il participait au dépôt des demandes syndicales des employés du secteur public, dans le cadre du processus de renouvellement des conventions collectives.

Lors d'une conférence de presse dans un hôtel de Québec, en compagnie de deux autres chefs syndicaux, M. Arsenault s'est rapidement fait cribler de questions.

La présidente de la Confédération des syndicats nationaux, Claudette Carbonneau, a clairement manifesté son irritation en constatant que la conférence de presse dérapait.

Mme Carbonneau a rappelé que le sujet était les demandes syndicales du front commun.

«Nous y tenons tous, a-t-elle dit. Je regrette, là, mais c'est ici l'ensemble du front commun, l'ensemble de ses composantes, alors...»

À la suite d'un rassemblement militant, la FTQ, la CSN et le Secrétariat intersyndical des services publics ont déposé leurs demandes au Conseil du trésor.

Tel qu'annoncé précédemment, les fonctionnaires souhaitent obtenir des hausses salariales totalisant 11,25 pour cent sur trois ans, ce qui entraînerait une augmentation cumulée de 3,2 milliards $ des dépenses du gouvernement.

Les syndiqués du secteur public espèrent parvenir à une entente négociée d'ici l'échéance de leurs conventions collectives, le 31 mars prochain.

Les dernières négociations s'étaient soldées par une loi spéciale, en 2005.