Le premier ministre Jean Charest s'est porté à la défense d'un ancien haut fonctionnaire de Transports Québec, jeudi, alors que le ministère vient d'amorcer une vérification pour s'assurer de la conformité des contrats publics accordés dans le passé.

M. Charest a affirmé que l'ancien sous-ministre des Transports Denys Jean, en poste au cours des trois dernières années, n'était pas sous enquête.

«On va régler une affaire tout de suite: M. Denys Jean n'est pas sous enquête», a-t-il dit en Chambre, en réponse à une question de l'opposition.

Le bureau de la ministre des Transports, Julie Boulet, a cependant confirmé que les contrats accordés au cours des dernières années allaient être vérifiés afin de détecter toute «situation problématique».

Jolyane Pronovost, l'attachée de presse de la ministre, n'a pas précisé la période ni l'ampleur de l'opération, mais elle a affirmé que cette décision a été prise à la suite du dépôt du rapport du vérificateur général, Renaud Lachance.

La semaine dernière, M. Lachance a relevé de graves irrégularités au MTQ.

En présentant son plus récent rapport, il s'est étonné que le MTQ n'ait pas alerté les autorités même si le bureau du sous-ministre disposait, depuis 2004, d'un rapport interne démontrant un cas de collusion dans l'attribution de contrats de déneigement.

Mme Boulet a affirmé que le sous-ministre de l'époque, Florent Gagné, avait jugé les preuves insuffisantes.

Le porte-parole péquiste du dossier des transports, Stéphane Bergeron, a soutenu jeudi qu'une enquête interne avait été amorcée sur les contrats accordés précisément durant la période où M. Jean, maintenant sous-ministre au Conseil du trésor, était au MTQ.

«C'est le gouvernement qui enquête sur les trois années où M. Jean était sous-ministre au ministère des Transports, a-t-il dit. On s'autoévalue, comme ça, on est certains de contrôler l'information. On est certains de contrôler ce qui va se passer. On peut déjà présumer des conclusions de cette enquête.»

M. Charest a plutôt choisi de répondre à M. Bergeron en se livrant à un grand plaidoyer en faveur de M. Jean, qui a fait partie de nombreux cabinets politiques des libéraux avant d'intégrer la haute fonction publique québécoise, en 1994.

«C'est quelqu'un qui a servi dans des gouvernements du Parti québécois, a-t-il dit. Il a servi également sous notre gouvernement. Il l'a fait honorablement puis il ne mérite pas le traitement que vous lui donnez aujourd'hui.»

La chef péquiste Pauline Marois a ouvert la période des questions en frappant une fois de plus sur le clou pour obtenir une enquête publique sur le milieu de la construction.

Mme Marois a accusé M. Charest de contribuer à faire disparaître des preuves en tardant à prendre cette décision.

«Les policiers, ce qu'ils nous disent, c'est qu'actuellement on tente, en gagnant du temps, de camoufler les preuves et on déchiquète les preuves», a-t-elle dit.

Le leader du gouvernement, Jacques Dupuis, a affirmé que Mme Marois insultait l'escouade de policiers instituée spécialement pour enquêter sur le milieu de la construction.

«Ce que la chef de l'opposition officielle vient de faire, c'est purement d'insulter les 40 policiers qui travaillent d'arrache-pied à l'opération Marteau, qui reçoivent, sur la ligne téléphonique, des appels innombrables d'allégations, qui ouvrent des dossiers», a-t-il dit.

Jusqu'ici, le gouvernement a privilégié les enquêtes policières et des resserrements à la loi en réponse aux allégations de malversations dans la construction et dans l'attribution de contrats publics.

La pression pour instituer une enquête publique s'est toutefois accentuée depuis le dépôt du rapport de M. Lachance.

En début de semaine, deux appuis de taille sont aussi venus, quand le syndicat des policiers de la Sûreté du Québec et celui des procureurs de la Couronne se sont prononcés en faveur d'une enquête publique.