Le Parti québécois croit que le gouvernement hésite à instituer une enquête publique sur la construction par crainte que les donateurs du Parti libéral du Québec (PLQ) soient éclaboussés.

Le porte-parole péquiste du dossier de la Sécurité publique, Bertrand St-Arnaud, a affirmé vendredi que les libéraux veulent protéger les entrepreneurs qui contribuent à leur formation politique.

«On sent jour après jour la grogne populaire monter, a-t-il dit en Chambre. La population est en colère lorsqu'elle voit que plusieurs contrats publics sont octroyés, et souvent sans appels d'offres, à des compagnies dont les dirigeants ont contribué à coup de milliers et de milliers de dollars à la caisse électorale du Parti libéral.»

La chef péquiste Pauline Marois a pour sa part estimé que si le gouvernement n'avait rien à se reprocher, il mandaterait dès maintenant une commission d'enquête pour faire la lumière sur les allégations de malversations dans la construction.

Mme Marois a laissé entendre que la structure de financement du PLQ pourrait expliquer la réticence des libéraux à prendre cette décision.

«Gouverner, c'est assumer ses responsabilités, c'est prendre des décisions difficiles, a-t-elle dit. De quoi avez-vous peur? Si vous n'avez rien à vous reprocher, je ne comprends pas que l'on n'ait pas convoqué maintenant une commission d'enquête publique.»

Le leader du gouvernement, Jacques Dupuis, a réfuté l'argument de Mme Marois, soutenant que même si le gouvernement accorde la priorité aux enquêtes policières, une éventuelle enquête publique n'est pas écartée.

«Comment peut-elle affirmer qu'on a peur de quoi que ce soit quand on donne le mandat clair - personne n'est à la l'abri - à la Sûreté du Québec, au SPVM, à la GRC, à la police de Laval, à la police de Longueuil, au Bureau de la concurrence de faire des enquêtes complètes, avec un mandat clair: personne n'est à l'abri?, a-t-il demandé. Son raisonnement ne tient pas.»

M. Dupuis a rappelé que le gouvernement avait répondu aux allégations de malversations en déposant plusieurs projets de loi récemment, dont celui du ministre de la Réforme des institutions démocratiques, Claude Béchard, dont l'objectif est d'assainir le financement des partis politiques.

«Son argument est d'un ridicule achevé quand, dans la semaine où elle pose sa question, ce matin (vendredi), le ministre responsable des institutions démocratiques dépose un projet de loi qui est le plus sévère que la société québécoise n'a jamais connu au niveau du financement des partis politiques», a-t-il dit.

M. Béchard a ensuite accusé Mme Marois de vouloir «beurrer tout le monde».

Plus tôt cette semaine, la chef péquiste avait soutenu que le premier ministre Jean Charest faisait passer les intérêts de son parti avant l'intérêt public parce qu'il reçoit un salaire de 75 000 $ du PLQ en plus de sa rémunération de fonction.