La première assemblée du conseil de l'agglomération montréalaise depuis les dernières élections municipales a été marquée, jeudi soir, par des critiques des villes de banlieue à l'égard de l'administration Tremblay à propos de la résiliation du contrat d'installation de compteurs d'eau qui avait été accordé au consortium GÉNIeau.

Les villes défusionnées ne comprennent pas pourquoi leurs contribuables devraient faire les frais des conséquences de cette résiliation, qui représentera un coût de plusieurs millions, étant donné que les élus de ces villes de banlieue avaient tous voté contre ce contrat en 2007.

La mairesse de Baie-d'Urfé, Maria Tutino, a parti le bal des critiques en reprochant au maire de Montréal, Gérald Tremblay, d'avoir organisé une séance d'information pour les élus de l'agglomération alors que la décision de résilier le contrat était prise en même temps par le conseil municipal de Montréal, mardi. «On nous dit qu'il y a un nouveau Tremblay, plus transparent, mais ça, c'est un peu plus comme le Old Tremblay, a-t-elle lancé. Ce n'est pas une façon de traiter votre partenaire.»

Qualifiant le dossier des compteurs d'eau de «désastre financier», Mme Tutino a insisté sur le fait que les villes liées avaient voté contre le contrat en 2007. «On pensait que c'était une terrible décision, a-t-elle dit. On a essayé de vous convaincre mais on n'a pas eu votre écoute.»

Le maire Tremblay n'a guère apprécié qu'on lui reproche de ne pas avoir été transparent, mais il a pris «bonne note» des remarques et a ajouté que la nouvelle gouvernance tiendra compte des avis des élus des villes liées. «Sur la gestion de l'eau, je suis ouvert à une Régie de l'eau où nous serions tous des partenaires pour prendre les meilleures décisions dans l'intérêt du conseil d'agglomération.»

Le maire de Côte-Saint-Luc, Anthony Housefather, a alors demandé que les villes liées n'aient pas à subir les conséquences financières de la résiliation du contrat de GÉNIeau (qui s'appliquait à toute l'île de Montréal).

Le maire Tremblay a alors répondu, sourire aux lèvres, qu'»on est partenaires pour le meilleur et pour le pire», déclenchant d'autres sourires dans la salle du conseil de l'hôtel de ville de Montréal. Mais la mairesse de Mont-Royal, Vera Danyluk, a alors dit, sans rire, que «les gens des banlieues vont payer pour quelque chose qui n'est pas de leur faute».

Après une autre question posée par Mme Danyluk sur le sujet, le maire Tremblay a dit que si les enquêtes policières révèlent qu'il y a eu de la fraude dans le dossier de GÉNIeau, la résiliation du contrat pourrait se transformer en une annulation pure et simple qui n'aurait, alors, pas les mêmes conséquences financières.

«Mais avec l'information que nous avons actuellement, nous ne pouvons que résilier le contrat», a dit M. Tremblay, qui a ajouté, plus tard, que les élus de l'agglomération pouvaient compter sur sa «détermination à faire la lumière le plus rapidement possible sur les allégations de collusion».

Lorsqu'il s'est agi d'adopter la résolution résiliant le contrat de GÉNIeau, M. Housefather a déposé un amendement afin que la résolution s'accompagne d'un engagement à ce que les villes liées n'aient pas à payer quoi que ce soit. Mais cet amendement changeant le sens de la résolution, «la dénaturant», a dit le président de l'assemblée, Claude Dauphin, ce dernier ne l'a pas accepté. Mais cinq élus des villes liées ont rejeté cette décision.

Par conséquent, ce jugement de M. Dauphin a été soumis à un vote nominal. Tous les élus de Montréal ont voté en faveur de cette décision. Tous les élus des villes de banlieue ont voté contre. Mais compte tenu du fait que Montréal a quelque 80% des votes, la décision a été maintenue.

Par la suite, M. Housefather a présenté un autre amendement faisant état que le rapport du vérificateur général de Montréal sur le contrat accordé à GÉNIeau a montré que c'est la Ville de Montréal qui a erré dans ce dossier, et non pas les villes de banlieue. Claude Dauphin a maintenu la même décision pour ce nouvel amendement.

Finalement, M. Housefather a dit qu'il était en faveur de la résiliation (pour en finir avec ce dossier), mais que c'était «injuste» que les villes de banlieue en fassent les frais, étant donné qu'elles avaient «clairement» averti la Ville de Montréal que cette attribution de contrat était inappropriée.

Le maire Tremblay a dit qu'il ne pouvait pas «revenir sur le passé», mais qu'il «entendait bien» les remarques des villes de banlieue et qu'il en tiendra compte lorsque la Ville aura tous les détails au sujet des coûts du feuilleton de GÉNIeau. La résiliation du contrat a été adoptée à l'unanimité.