Largement financé par les fonds publics, l'Institut du chrysotile, qui défend l'industrie de l'amiante au Québec, appuie l'un des écosceptiques les plus connus au monde, Christopher Booker.

Ce dernier explique, dans son livre Scared to Death : From BSE to Global Warming, Why Scares Are Costing Us the Earth, que le réchauffement planétaire et l'amiante, tout comme la vache folle, le bogue de l'an 2000 et la grippe aviaire, sont des enjeux qui ont suscité, à tort, une hystérie collective et médiatique.

L'Institut du chrysotile a beaucoup aimé ce livre, au point de négocier un arrangement avec son éditeur pour réimprimer la section de l'ouvrage où il est question de l'amiante. Mais il précise ne pas avoir d'opinion sur les autres chapitres.

Or l'Institut est financé par le gouvernement fédéral et par le gouvernement québécois. À ce jour, Ottawa aurait versé plus de 20 millions de dollars à cet organisme, selon l'Institut Rideau et le Sierra Club Canada, qui considèrent cela tout simplement «inacceptable».

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«Il y a seulement quelques jours devant le Comité de l'environnement à Ottawa, le ministre de l'Environnement, Jim Prentice, exprimait sa confiance dans la science. Or, en toute contradiction avec cette déclaration ministérielle, le gouvernement entretient parallèlement un groupe de lobbyistes colportant de l'information erronée qui supporte le dénigrement du changement du climat», a déploré John Bennett, directeur du Sierra Club Canada.

«Nous vous demandons de mettre fin immédiatement au financement et à la complicité de l'État dans les magouilles de l'Institut du chrysotile», renchérit Kathleen Ruff, conseillère principale de l'Institut Rideau sur les droits humains.

En entrevue avec la Presse canadienne, le président de l'Institut, Clément Godbout, soutient que son organisation n'a pas de position par rapport à la section de l'ouvrage traitant du réchauffement de la planète.

Il soutient que son groupe fait la promotion du livre uniquement pour sa section touchant l'amiante, car l'auteur y défend une thèse en tout point similaire à celle de l'Institut : la science de l'amiante et ses risques potentiels pour la santé ont été systématiquement exagérés par ce que M. Godbout qualifie de «lobby anti-amiante».

L'Institut du chrysotile est un organisme sans but lucratif créé il y a 25 ans et financé en grande partie par les gouvernements fédéral et provincial. Dirigé par un conseil d'administration formé de représentants des milieux industriel, syndical et gouvernemental, il fait la promotion de l'utilisation sécuritaire de l'amiante chrysotile.