Hillary Clinton a fait une entrée remarquée au sommet sur le climat, ce matin, promettant aux pays en développement une enveloppe internationale de 100 milliards de dollars par année, à condition qu'une entente soit conclue à Copenhague.

La secrétaire d'État américaine a fait cette annonce surprise afin de tenter de dénouer l'impasse qui a persisté toute la nuit, malgré d'intenses négociations derrière des portes closes.

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Moins d'une heure plus tard, le responsable de l'antenne climatique de l'ONU, Yvo de Boer, annonçait que les pourparlers avaient officiellement repris, précisant toutefois que les deux éléments n'étaient pas liés. «Le tramway a repris sa course», a-t-il indiqué, réutilisant ainsi son image du tramway à traction par câble de la veille.

Le geste de Washington est une main clairement tendue aux Chinois, de plus en plus l'objet de critiques, au Bella Center. Perçu comme intransigeant, Pékin est vu par plusieurs comme l'un des principaux obstacles à une entente ambitieuse.

Prenant la parole devant la presse, un événement qui n'était pas prévu à l'horaire, Mme Clinton a promis aux pays en développement de participer à la création d'un fonds de 100 milliards par année autour de 2020, en provenance des pays industrialisés et de source privée. Cela pour réduire la déforestation et aider les plus vulnérables à s'adapter à un climat changeant.

«En l'absence d'un accord qui répond aux attentes exprimées, il n'y aura pas d'argent», a-t-elle prévenu.

Au coeur du litige, il y a la question de la «transparence» des efforts de chacun. Les États-Unis, comme le Canada d'ailleurs, exigent que la Chine dévoile certaines informations, jugées confidentielles par cette dernière, afin de s'assurer que les réductions d'émissions de gaz à effet de serre soient réelles.

Le ministre canadien de l'Environnement, Jim Prentice, a d'ailleurs répété cet après-midi l'importance de cette question, qu'il qualifie de principal point de discorde, ici à Copenhague. «Nous souhaitons clairement que les engagements soient mesurables, vérifiables et assortis d'obligations déclaratives», a-t-il indiqué, avant de préciser que le pays ferait sa part pour renflouer le fonds de 100 milliards.

Le premier ministre britannique, Gordon Brown, a aussi évoqué la question de la «transparence», tendant lui aussi la main aux Chinois. Il s'est voulu rassurant, en soutenant que cette transparence était nécessaire «en tout respect de la souveraineté nationale des pays», répondant ainsi aux craintes de la délégation chinoise.

Cela, alors que plusieurs délégués n'hésitent plus à montrer du doigt la Chine, l'accusant d'être responsable de la lenteur des négociations. Une rumeur voulait même que Pékin ait déjà décidé de ne pas signer d'accord contraignant à l'issue du sommet, se contentant d'une simple entente politique.

En conférence de presse, He Yafei, le vice-ministre des Affaires étrangères, a balayé du revers de la main les critiques à l'endroit de son pays, précisant que son pays ne craint nullement de révéler les informations exigées.

«Nous perdons du temps précieux, a-t-il dit. En continuant de montrer les autres du doigt, nous nous dirigerons assurément vers un échec.»