Devant l'avalanche de critiques qu'il encaisse jour après jour à Copenhague, le gouvernement Harper a décidé d'envoyer au front le nouvel ambassadeur du Canada aux États-Unis, Gary Doer, pour défendre ses intentions en matière de lutte contre les changements climatiques.

M. Doer, qui était premier ministre néo-démocrate du Manitoba avant de devenir ambassadeur, est allé sur plusieurs tribunes pour affirmer que le Canada a des "cibles ambitieuses" de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre et qu'il est injustement critiqué. Homme respecté par les militants de gauche et les groupes environnementaux pour le travail qu'il a fait dans sa province pour combattre le réchauffement de la planète, M. Doer se voit maintenant confier la difficile tâche de redorer le blason du Canada à l'étranger.

Il a donné hier plusieurs entrevues, dont une à CBC News et une autre à CTV Newsnet.

"Les cibles proposées par le Canada, soit 20% de réduction des émissions de GES d'ici à 2020, sont très, très ambitieuses. Cela va nous forcer à innover au Canada, à réduire nos émissions, mais cela va aussi causer des difficultés aux Canadiens. Car cela ne va pas se produire en claquant simplement des doigts", a affirmé M. Doer au réseau CBC News.

Le gouvernement Harper a proposé de réduire les émissions de GES de 20% au cours de la prochaine décennie, mais en utilisant 2006 comme année de référence. Le protocole de Kyoto préconisait une réduction de 6% par rapport aux émissions de 1990 en 2012. Mais le Canada ratera cet objectif car, entre 1990 et 2006, ses émissions ont augmenté de près de 25%. Résultat: le plan du gouvernement Harper équivaut à une réduction des émissions de GES de 3% si l'on prend 1990 comme année de référence.

Ces cibles du gouvernement Harper sont essentiellement les mêmes que celles des États-Unis, qui, contrairement au Canada, n'ont jamais ratifié le protocole de Kyoto. Le Québec, lui, compte réduire ses émissions de 20% d'ici à 2020, mais en prenant 1990 comme année de référence. Le Manitoba, province qu'a dirigée M. Doer pendant près d'une décennie, prévoit réduire ses émissions de 6% par rapport à 1990.

Hier, M. Doer a affirmé que le Canada ne pouvait agir sans les États-Unis pour lutter efficacement contre les changements climatiques. "Nous devons absolument avoir des relations concertées avec les États-Unis. Nous avons un écosystème en Amérique du Nord. Et les émissions ne s'arrêtent pas à la frontière", a dit M. Doer.

À ceux qui critiquent le bilan du Canada, M. Doer répond que 60% de l'électricité produite au pays provient de sources renouvelables comme l'eau ou le vent, et que les gouvernements fédéral et provinciaux s'évertuent à mieux protéger les forêts, qui absorbent les émissions de CO2.