À quelques heures de la fin des négociations, le président français a reconnu que la Conférence sur le climat court «à la catastrophe», tandis que le gouvernement danois évoquait son échec.

Dans un vibrant plaidoyer devant les délégués, Nicolas Sarkozy a tenté rien de moins que l'électrochoc pour stimuler les pourparlers : «Il faut changer de braquet pour cette conférence ou nous allons droit à la catastrophe, a-t-il lancé. Il reste moins de 24 heures, si on continue comme ça, c'est l'échec.» Le président a suggéré la tenue d'une réunion d'urgence, qui se tiendra immédiatement après le dîner de gala des chefs d'État, actuellement en cours, afin de dénouer l'impasse et ainsi «trouver un texte de compromis» avant la fin de la conférence, prévue demain.

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Ce cri du coeur est survenu le jour même où la délégation danoise a reconnu, dans l'influent Berlingske, quotidien national, qu'un accord ambitieux n'est plus à la portée de la communauté internationale.

«Le Danemark jette l'éponge», peut-on lire en manchette du journal, qui révélait que la présidence est déjà résignée à ce que la conférence ne puisse accoucher d'une entente contraignante, ce qu'elle qualifie d'«échec».

Néanmoins, les négociations se poursuivent afin d'en arriver à une entente politique, ou à tout le moins, une promesse commune d'élaborer tôt l'année prochaine un traité international pour succéder à Kyoto en 2012, année d'échéance de sa première phase.

D'ailleurs, le président Sarkozy a réitéré son souhait qu'un accord international soit élaboré et signé dans les six premiers mois de l'année 2010. Cela faisait écho à la suggestion de l'ancien vice-président américain Al Gore, formulée la veille, de devancer de novembre à juillet la prochaine conférence annuelle sur le climat, prévue à Mexico.

En revanche, le premier ministre britannique, Gordon Brown, a repoussé cet ultimatum, évoquant la signature d'une entente «d'ici six mois à un an».

«Nous devons forger une nouvelle alliance, a-t-il déclaré, la première alliance mondiale de 192 pays en vue de la préservation de notre planète.»

Parallèlement, le patron de la division climatique des Nations Unies, Yvo de Boer, précisait qu'il n'y aurait finalement pas de nouveau texte de travail, ce fameux document attendu depuis mardi après-midi. Les délégués ont donc continué de travailler sur les deux textes dévoilés vendredi dernier.

Cela n'a cependant pas eu l'heur de plaire à tous les délégués, déçus d'avoir attendu en vain un document qui ne s'est pas matérialisé. Les pays en développement sont d'autant plus furieux, selon les informations obtenues par La Presse, qu'ils anticipent une décision favorable aux pays riches, demain matin.

En effet, des sources nous indiquent que la présidence aurait déjà opté pour l'élaboration d'un nouveau traité, plutôt que la poursuite du protocole de Kyoto à compter de 2013. Les États-Unis, le Japon, l'Australie et le Canada, entre autres, souhaitent en effet un nouvel accord, qui engloberait la Chine et l'Inde.

Les pays en développement, au contraire, préfèrent que le protocole de Kyoto se poursuive, afin d'éviter l'incertitude liée à l'adoption d'un nouvel accord.