Le président Barack Obama a exhorté la communauté internationale à «privilégier l'action à l'inaction», au sommet de Copenhague, quelques heures avant qu'un projet d'entente ne soit déposé.

Obtenu par La Presse, le texte stipule que la communauté internationale s'engage à «répondre de manière vigoureuse» aux changements climatiques, afin que la hausse des températures mondiales «ne dépasse pas les 2 degrés Celsius».

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On n'y retrouve toutefois aucune cible précise de réduction des émissions de gaz à effet de serre, contrairement aux premiers textes de travail déposé la semaine dernière. Des x remplacent en effet les pourcentages discutés en coulisses, à l'heure actuelle.

Tout au plus y promet-on l'atteinte d'un pic des émissions «le plus tôt possible», à quoi on ajoute que «l'échéance sera plus longue pour les pays en développement».

Cela survient peu après la rencontre, qualifiée de «constructive», entre le président Obama et le premier ministre chinois, Wen Jiabao. Le différend qui oppose ces deux pays est au coeur des pourparlers, ici.

Près d'une trentaine de pays sont toujours réunis autour de ce texte, grandement dilué par rapport aux attentes initiales. Les «amis de la présidence», ce cercle restreint de pays influents, discutent depuis le milieu de la nuit dernière des détails d'une éventuelle «entente politique» afin d'arracher un consensus aux 193 pays réunis ici.

Notons que le premier ministre canadien, Stephen Harper, n'a pas été invité à la rencontre.

L'idée d'une entente contenant des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre, but ultime du gouvernement danois, a été complètement enterrée. En lieu et place, la communauté internationale se contenterait de cette «entente chapeau», idée évoquée hier par le président français, Nicolas Sarkozy.

Un peu plus tôt aujourd'hui, le président américain a indiqué que «tous les morceaux d'une entente sont maintenant clairement identifiés», et que la communauté internationale doit «privilégier l'action à l'inaction».

«La question maintenant, a-t-il ajouté, est de savoir si nous allons avancer ensemble, ou si nous allons repartir divisé.»

Kyoto ou pas?

Le document obtenu par La Presse montre clairement que les pays ont décidé de ne pas trancher l'une des plus épineuses questions de la conférence : prolonge-t-on Kyoto après 2012, ou élabore-t-on plutôt un nouvel accord international?

«Les parties décident de poursuivre plusieurs approches simultanément», peut-on lire. Autrement dit, on repousse à novembre 2010, lors de la Conférence de Mexico, l'objectif que l'on souhaitait atteindre à la Conférence de Copenhague.

Le premier ministre indien, Manmohan Singh, a d'ailleurs suggéré dans son discours, il y a quelques heures, que les négociations se prolongent l'an prochain, confirmant ainsi que la conférence danoise aura été en quelque sorte un rendez-vous manqué.

Malgré le dépôt d'un projet d'entente, les divisions sont encore grandes entre les 119 chefs d'État présents. Les organisateurs de la conférence ont d'ailleurs averti les délégations que les travaux pourraient se poursuivre jusqu'à dimanche.

La principale pierre d'achoppement est la question des vérifications des réductions d'émissions. Les pays riches, les États-Unis en tête, exigent que les diminutions de gaz à effet de serre soient «mesurables, vérifiables et assortis d'obligations déclaratives», ce qui implique le dévoilement d'informations que Pékin juge confidentielles.

Le président Obama a d'ailleurs confirmé dans son discours l'importance de cet enjeu de transparence. «Nous devons avoir un mécanisme pour vérifier si nous sommes en ligne avec nos engagements et pour échanger de l'information d'une manière transparente, a précisé M. Obama. Ces mesures, toutefois, n'ont pas nuire à la souveraineté nationale de quiconque.» «Sans cette imputabilité, a-t-il ajouté, toute entente équivaudrait à une feuille sur laquelle des mots vide de sens seraient imprimés.»