Le chef du Parti libéral, Stéphane Dion, s'élève fermement, dans une lettre à la gouverneure générale, contre la volonté du premier ministre Stephen Harper de mettre fin à la session parlementaire dès demain, affirmant qu'il s'agit là d'«abus de pouvoir sans précédent dans l'histoire du Canada».

«Suite à l'annonce le 1er décembre dernier d'une entente formelle de collaboration entre les trois partis d'opposition, le premier ministre laisse maintenant entendre qu'il vous demandera de proroger le Parlement jusqu'à la fin du mois de janvier prochain, a écrit M. Dion dans sa lettre adressée à la gouverneure générale Michaëlle Jean. Avec cette demande de prorogation, le premier ministre vous demanderait donc la permission de continuer à diriger un gouvernement qui ne jouit pas de la confiance de la Chambre des communes.» M. Dion exhorte Mme Jean à ne pas accepter ce qu'il qualifie «d'une telle entrave à notre Constitution et un tel affront à notre démocratie parlementaire». Le chef libéral fait valoir au chef de l'État que le premier ministre, son principal conseiller, a déjà, de facto, perdu sa légitimité aux yeux de la majorité des députés à la Chambre des communes.

«Il a perdu la légitimité de vous prodiguer des conseils», écrit-il.

Stéphane Dion, qui dirigerait la coalition PLC-NPD si elle venait à prendre le pouvoir, a donc formellement demandé à la gouverneure générale de refuser la demande de Stephen Harper de proroger la session parlementaire. Le chef libéral estime que c'est à la Chambre des communes que M. Harper devrait rendre des comptes en affrontant un vote de confiance dès lundi prochain.

 «Proroger le Parlement jusqu'à la fin du mois de janvier, poursuit-il dans sa missive, ne ferait que prolonger la crise parlementaire et pourrait bien accentuer les difficultés économiques que notre pays traverse. Un mois sans un gouvernement qui jouit de la confiance de la Chambre, c'est trop long. Les affaires de l'État ne peuvent attendre que le gouvernement se décide à faire face à la volonté des représentants élus du peuple canadien.

«Retarder l'inévitable, c'est-à-dire l'intention des partis d'opposition de défaire le gouvernement à la première occasion, ne ferait qu'exacerber l'incertitude dans une période économique extrêmement difficile», insiste le chef libéral.