La Commission de la construction du Québec (CCQ) emploierait plusieurs proches des hauts dirigeants de la FTQ-Construction, selon ce qu'a rapporté hier soir le réseau TVA.

La CCQ est l'organisme responsable de l'application des conventions collectives dans la construction et de la planification de la mobilité de la main-d'oeuvre sur les chantiers. Elle doit aussi s'assurer que chaque travailleur sur un chantier ait sa carte de compétence, et elle enquête sur les dossiers épineux, comme les cas d'intimidation sur les chantiers de la Côte-Nord.Or, des liens particuliers entre plusieurs membres du personnel de la CCQ et des centrales syndicales, particulièrement la FTQ-Construction, ont été énoncés. Selon TVA, la plupart des hauts dirigeants de la FTQ-Construction ont des membres de leur famille immédiate à l'emploi de la CCQ.

La conjointe de Richard Goyette, le directeur général du syndicat, serait employée par la CCQ, tout comme la soeur d'Alain Pigeon, le directeur général adjoint de la FTQ-Construction.

Ce serait également le cas de la fille de Yves Mercure, le président du syndicat, et de la fille de Yves Ouellet, le vice-président. Pierre Morin, le directeur à l'organisation de la FTQ-Construction, et Robert Paul, le directeur des opérations, auraient également des proches qui travaillent à la CCQ.

Des dirigeants de centrales rivales de la FTQ, la CSN et le Conseil provincial des métiers de la construction, auraient aussi des membres de leur famille immédiate au sein de la CCQ, mais dans des proportions moindres que la FTQ, selon l'enquête.

Cette situation est problématique, selon le président de l'Institut en éthique appliquée du Québec, René Villemure. «La CCQ est un organisme de surveillance qui dispose de grands pouvoirs, a-t-il dit. On peut pénétrer sur un chantier, on peut faire des vérifications. Avec de grands pouvoirs vient une exigence d'exemplarité et dans ce cas-là, ça ne me semble pas être au rendez-vous.»

Le porte-parole de la CCQ, André Martin, a assuré que le personnel de la CCQ est embauché à la suite d'un «processus formel» qui inclut des tests de compétence.

Il a également mentionné qu'il est «un peu normal que les gens qui gravitent autour du monde de la construction, que ce soit du côté patronal ou syndical, s'intéressent à des postes à la Commission.»

Dans un communiqué transmis hier soir, la FTQ-Construction a déclaré qu'elle ne voyait aucun conflit d'intérêt dans les liens de parenté entre ses hauts dirigeants et le personnel de la CCQ.

«Ces personnes ont été embauchées parce qu'elles étaient les plus compétentes pour leur poste respectif. Prétendre autrement serait infligé à la CCQ et aux personnes mises en cause, un procès d'intention qui est, selon nous, complètement hors d'ordre», a écrit le porte-parole de la FTQ, Eric Demers.

Falsification

Par ailleurs, Radio-Canada a révélé que la FTQ-Construction serait au coeur d'une affaire de falsification de documents. Cette affaire ferait l'objet d'enquêtes à la Sûreté du Québec... et à la CCQ.

Deux des formateurs de la FTQ ont été suspendus après avoir présumément falsifié des cartes de compétence d'ouvriers, selon Radio-Canada. Ces documents confirment que les détenteurs ont suivi le cours obligatoire de santé et sécurité au travail.

Les dossiers de plusieurs dizaines d'ouvriers seraient réexaminés pour vérifier s'ils sont conformes. Selon Radio-Canada, il y aurait eu échange d'argent dans cette affaire.

L'un des formateurs suspendus, Guy Dufour, ferait face à des accusations criminelles relatives à cette pratique, selon Radio-Canada.

Avec Catherine Handfield