Responsable de l'équipe chargée de surveiller la collusion chez les fournisseurs du ministère des Transports, Jacques Duchesneau nie en bloc les allégations de TVA. Le réseau a soutenu mercredi soir que l'ancien candidat à la mairie avait, en 1998, demandé à l'un de ses organisateurs, Gilles Prud'homme, d'agir en tant que prête-nom pour cacher l'identité d'un donateur qui cautionnait 10 000$ d'un prêt consenti à son parti.  





Jeudi, M. Duchesneau a annoncé qu'après avoir rencontré le ministre Sam Hamad, il avait décidé de se retirer de ses responsabilités le temps que le Directeur général des élections tire l'affaire au clair.

«Je réfute les allégations, je suis choqué. Dans une société de droit, je devrais pouvoir offrir ma version des événements. Toute ma carrière repose sur la crédibilité que j'ai bâtie au cours des années. L'intégrité fait partie des valeurs que je défends au quotidien. Je ne peux accepter qu'on salisse ma réputation de façon aussi gratuite», a-t-il soutenu jeudi lors d'un très bref point de presse.

M. Duchesneau, qui se retirera «temporairement» de ses responsabilités, entend collaborer avec le Directeur général des élections, auquel le ministre des Transports, Sam Hamad, a demandé de tirer au clair ces allégations.

L'ancien policier a pris la poudre d'escampette après son point de presse, refusant de répondre aux questions, soutenant que le respect pour le DGE commandait qu'il ne parle pas. Il n'a pas voulu dire si son salaire allait lui être versé pendant son congé, par exemple.

Pour le critique de l'opposition péquiste Nicolas Girard, la question se pose. La sortie en catastrophe de M. Duchesneau soulève aussi des questions; qui prendra le relais désormais de cette escouade d'enquête aux Transports. «Est-ce que le ministre Hamad va téléphoner à Marteau?» demande-t-il.

»Le loup dans la bergerie»

À l'Assemblée nationale, en matinée, M. Girard a accusé le gouvernement de «tolérer le loup dans la bergerie» en confiant à M. Duchesneau un mandat qui, précisément, exigeait la plus totale intégrité.

TVA a rapporté les propos de M. Prud'homme, qui soutenait que c'est l'ancien policier, chef du parti Nouveau Montréal à l'époque, qui avait sollicité son aide. Jeudi, M. Duchesneau a affirmé que «les faits ont été mal rapportés et mal interprétés».

«Il m'a demandé d'aller signer une caution à la Banque Nationale sur la rue La Gauchetière, pour 10 000$. On pensait qu'on avait signé des cautions», a déclaré M. Prud'homme, joint par La Presse.

«Dans le rapport, il est indiqué que j'aurais prêté 10 000$ et reçu des intérêts de 1031$», a ajouté jeudi cet ancien organisateur du parti de M. Duchesneau.

M. Prud'homme n'a jamais reçu d'argent. Si la banque a été remboursée du prêt, il se demande par qui et qui a touché les intérêts de ce prêt. «Les cautions, c'est une pratique courante dans le monde municipal. Sous Pierre Bourque, lorsque le remboursement des dépenses arrivait, les cautions étaient effacées», a expliqué M. Prud'homme. Le seul problème est que le rapport de Nouveau Montréal a inscrit «prêteur» à côté de son nom.

Devant le DGE

Pour Nicolas Girard, les explications de M. Prud'homme et de M. Duchesneau doivent être confrontées par le DGE. Cela témoigne de toute l'improvisation autour de la nomination de l'ancien patron de la police de Montréal par Julie Boulet. On aurait dû vérifier ces questions au préalable. On a raté une autre occasion de le faire en juin dernier quand d'autres allégations ont surgi concernant des irrégularités lors du bref passage de M. Duchesneau en politique municipale, a poursuivi le député péquiste.

En point de presse, l'ex-policier a été catégorique, mais n'a pas évoqué de poursuites en libelle. «Le mandat que m'a confié le gouvernement commande que je sois irréprochable sur le plan des perceptions. On parle de financement de campagne municipale et non de collusion. Je veux être clair: il n'y a aucun prête-nom, aucune fausse identité. On parle ici du financement d'un parti politique par une institution financière, un prêt endossé par 18 personnes. Je n'ai jamais demandé à quiconque d'agir comme prête-nom pour dissimuler l'identité d'un contributeur en 1998», a martelé l'ancien patron de la police de Montréal.

Son retrait «n'est pas un aveu de culpabilité. J'ai trop de respect pour l'institution, pour l'opinion publique, pour que des soupçons viennent discréditer le travail fait par mon escouade» a-t-il soutenu.

À l'Assemblée nationale, en matinée, le ministre des Transports Sam Hamad a dit avoir «immédiatement convoqué» le responsable des enquêtes de son ministère après le reportage.