Le tonnerre grondait depuis quelques jours à l'Union des municipalités du Québec (UMQ). L'orage a finalement éclaté jeudi avec la démission du président, Marc Gascon, maire de Saint-Jérôme, et la réduction des responsabilités de Gilles Vaillancourt, maire de Laval.          



 

Dans la tourmente depuis deux semaines, Marc Gascon refusait jusqu'alors de quitter son poste de président. Il y a finalement consenti jeudi, après que le conseil d'administration de l'UMQ lui eut demandé de se retirer temporairement. Piqué au vif par cette demande, le maire de Saint-Jérôme a préféré démissionner purement et simplement.

«À cause de la pression des médias et de certains membres, le CA de l'UMQ m'a demandé de me retirer temporairement, ce que j'ai refusé catégoriquement», a déclaré Marc Gascon dans un communiqué en soirée. Il entend désormais poursuivre son travail de maire de Saint-Jérôme et faire le nécessaire pour rétablir les faits et défendre sa réputation.

Le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, va pour sa part réduire son implication au sein du regroupement en crise. Il va délaisser son rôle de porte-parole d'un comité des finances, mais va continuer à siéger au conseil d'administration et au bureau de direction.

La décision du maire de Laval a été prise «compte tenu des circonstances», explique son porte-parole, Jean-Maurice Duddin. Rappelons que deux députés, Serge Ménard et Vincent Auclair, soutiennent que Gilles Vaillancourt leur a proposé des enveloppes d'argent. Des allégations que M. Vaillancourt a niées vigoureusement mardi.

Marc Gascon, quant à lui, fait les manchettes depuis le début du mois de novembre. À ce moment, l'UMQ a perdu son membre le plus important quand la Ville de Québec a claqué la porte. Le maire Régis Labeaume citait entre autres raisons le manque de transparence de M. Gascon et des allégations de pratiques douteuses à Saint-Jérôme.

Puis La Presse a révélé la semaine dernière que des entrepreneurs ayant obtenu des contrats de plusieurs millions de la Ville de Saint-Jérôme ont réalisé des travaux sur la maison du maire. Le ministère des Affaires municipales a aussi confirmé le 13 novembre que ses vérificateurs examinent les dossiers de la municipalité des Laurentides depuis le mois de septembre.

Marc Gascon a toujours clamé son innocence. «Je veux être très clair et je le répète, je n'ai rien à me reprocher et tout ce que j'ai fait l'a été en toute légalité», a-t-il réitéré jeudi.

Trent veut le retrait total de Vaillancourt

Depuis ces révélations, plusieurs maires membres de l'UMQ réclamaient le retrait de Marc Gascon le temps de dissiper tous les doutes. Samedi dernier, le maire de Westmount a écrit un courriel à M. Gascon lui enjoignant de se retirer. «Je lui ai dit: «Écoute Marc, je pense que ce serait une bonne idée que tu te retires temporairement de l'UMQ le temps que la poussière retombe»», raconte Peter Trent.

Dimanche dernier, soit le lendemain, le conseil d'administration s'est réuni. En plus de décider d'exiger formellement une enquête publique sur l'industrie de la construction, les membres ont réitéré leur soutien à Marc Gascon.

Mardi, M. Trent a donc choisi de démissionner des postes qu'il occupait au conseil d'administration et au bureau de direction. Le lendemain, c'était au tour de la mairesse de Lévis, Danielle Roy Marinelli, de demander à Marc Gascon de se retirer. Ces pressions ont mené à la conférence téléphonique de jeudi, où le CA a fait volte-face et a demandé à son président de se retirer temporairement.

«Je pense que les membres du conseil d'administration croient sincèrement Marc lorsqu'il dit qu'il n'a rien fait d'illégal, explique le maire de Rimouski, Éric Forest, qui a été nommé jeudi soir président par intérim de l'Union. La décision du CA ne doit pas être perçue comme un désaveu. Simplement, il traînait un boulet qui nuisait à l'UMQ.»

Pour Peter Trent, la démission du président est un pas dans la bonne direction. L'élu hésite toutefois à réintégrer à part entière le regroupement. «Je suis d'avis que Gilles Vaillancourt doit se retirer de toutes ses fonctions à l'UMQ pour un temps», lance-t-il.

«Je suis très inquiet pour l'avenir des municipalités. Avec tout ce qui se passe, quel crétin va se présenter à la mairie d'une ville? Ça va devenir la job la moins intéressante au Québec, déplore le maire de Westmount. Ça m'inquiète énormément. Nous avons besoin de gens de bonne qualité, de bonne moralité, et avec tout ça on s'en va dans la mauvaise direction.»

Ayant son siège social à Montréal, l'UMQ regroupe 275 municipalités dont Laval, Longueuil, Gatineau, Trois-Rivières et Sherbrooke. Montréal ne fait plus partie de l'Union depuis 2004.