La Cour fédérale a accepté d'entendre plus rapidement la requête de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), visant à obtenir une injonction contre le gouvernement fédéral, dans le dossier du formulaire long de recensement.

Mais outre la Fédération, qui maintiendra la pression sur le gouvernement de Stephen Harper afin qu'il revienne sur sa décision, les troupes conservatrices devront également faire face au front commun que prévoient présenter les trois partis d'opposition à leur retour aux Communes, fin septembre.

Car le tollé provoqué par la décision du gouvernement Harper de modifier le recensement, en transformant le formulaire détaillé obligatoire en un questionnaire volontaire, est toujours retentissant, tant dans les rangs politiques qu'au sein de la société civile et des groupes de défense des droits des minorités.

Dans sa décision rendue mercredi matin, la juge Roza Aronovitch fait valoir que la FCFA a bel et bien démontré l'urgence de trancher quant à la constitutionnalité de modifier le processus de recensement, car il s'agit d'une «question d'intérêt public importante relative aux droits linguistiques des Canadiennes et des Canadiens».

Afin de permettre à la Fédération d'obtenir un jugement avant la mi-octobre - date limite, selon l'organisation, pour que la décision du gouvernement puisse être renversée -, la juge Aronovitch a statué que l'audition de la demande de contrôle judiciaire de la FCFA serait entendue les 27 et 28 septembre prochains.

Quelques jours plus tôt, le gouvernement devra cependant faire face aux partis d'opposition, qui semblent pour l'instant unis dans leur souhait de le forcer à reculer. En point de presse, mercredi matin, libéraux et néo-démocrates ont annoncé qu'ils attendraient les conservateurs de pied ferme, quand ils retrouveront les banquettes de la Chambre des communes, le 20 septembre.

Car tous sont d'accord pour dire qu'il faut que le formulaire détaillé soit obligatoire, mais qu'il n'est pas nécessaire pour ce faire de menacer d'emprisonnement les Canadiens qui refuseraient d'y répondre, même si cette peine n'a jamais été imposée.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, a fait savoir qu'il contacterait ses homologues libéral, Michael Ignatieff, et bloquiste, Gilles Duceppe, dès que possible, afin que les trois partis s'entendent sur une approche commune à adopter à la rentrée parlementaire. M. Layton propose notamment la tenue d'un débat d'urgence.

Un sentiment d'urgence que partage le porte-parole libéral en matière d'affaires étrangères, Bob Rae, qui a pour sa part suggéré l'adoption d'une résolution pour tâter le pouls auprès des députés.

Car devant l'opinion unanime de la Chambre, qui penchera selon lui en faveur de la restauration du caractère obligatoire du formulaire détaillé, M. Rae estime que le gouvernement de Stephen Harper n'aura plus d'autre choix que de revoir sa décision. Le libéral a soutenu qu'il n'était pas trop tard pour que le premier ministre fasse un «certain virage», un «compromis».

Ne croyant plus, elle, au compromis, la FCFA avait demandé à la Cour fédérale d'entendre sa requête de façon accélérée, afin d'éviter de se retrouver devant le fait accompli, le processus de recensement étant déjà trop avancé pour faire marche arrière.

Dans sa requête déposée à la fin juillet, la FCFA réclame au tribunal fédéral d'annuler le décret du gouvernement, qui a transformé le formulaire long en un questionnaire volontaire, et d'en obliger l'inclusion dans le recensement de 2011.

La Fédération réclame aussi une injonction afin d'empêcher le gouvernement conservateur d'aller de l'avant et d'entreprendre toute démarche qui pourrait rendre plus difficile, ou impossible, l'utilisation du questionnaire détaillé.

L'organisation estime qu'en retirant du recensement cinq questions portant sur la langue officielle qu'utilisent les Canadiens à domicile et au travail, le gouvernement fédéral contrevient à la Loi sur les langues officielles. Car les données servent à déterminer à quels endroits au pays les services seront offerts aux minorités linguistiques, plaide la Fédération.