Le laïque Iyad Allawi a remporté vendredi les législatives irakiennes avec seulement deux sièges d'avance sur le chef du gouvernement sortant, Nouri al-Maliki, qui a refusé de reconnaître les résultats.

Le Bloc irakien de M. Allawi a obtenu 91 sièges au Parlement, contre 89 à l'Alliance pour l'État de droit (AED) de M. Maliki, selon des résultats officiels annoncés par la commission électorale.

Nouri al-Maliki a immédiatement rejeté les résultats, affirmant qu'ils n'étaient pas encore définitifs.

M. Allawi, qui fut premier ministre du gouvernement par intérim entre juin 2004 et avril 2005, s'est engagé à discuter «avec toutes les parties qu'elles aient gagné ou non, pour former le prochain gouvernement».

La liste «Iraqia ouvrira son coeur à toutes les forces politiques et à tous ceux qui veulent bâtir l'Irak. Nous enterrerons ensemble le communautarisme politique», a-t-il ajouté à la télévision satellitaire Al-Arabiya.

Immédiatement après l'annonce de sa victoire, le camp de M. Allawi réuni au siège de la liste dans le centre de Bagdad a explosé de joie et quelques feux d'artifice ont illuminé le ciel de la capitale.

Ses partisans ont crié son nom dans la rue, d'autres brandissaient des drapeaux irakiens ou chantaient et dansaient au son des tambours.

Un double attentat à la bombe est toutefois venu rappeler que la situation restait fragile. Au moins 42 personnes ont été tuées et 65 blessées près de Baqouba, au nord de Bagdad, selon les forces de sécurité de la province de Diyala.

Nouri al-Maliki a refusé de reconnaître sa défaite, arguant que les résultats n'étaient «pas définitifs». «Bien sûr, nous n'acceptons pas ces résultats. Ils sont préliminaires», a-t-il dit, d'un ton trahissant l'amertume.

Il avait lui-même appelé à un recomptage des voix après les accusations de fraudes émises par son parti et avait agité l'épouvantail d'un «retour à la violence» si la commission n'accédait pas à cette demande.

Les résultats annoncés par la commission électorale seront définitifs après leur certification finale par la Cour suprême et l'examen des éventuelles plaintes que les candidats pourront déposer à partir de samedi.

L'ONU et les États-Unis ont salué le scrutin. L'ambassadeur des États-Unis en Irak, Christopher Hill, et le commandant des troupes américaines, le général Ray Odierno, ont eux jugé qu'il n'existait «aucune preuve de fraudes massives ou graves».

L'envoyé spécial de l'ONU en Irak, Ad Melkert, qui assistait à l'annonce des résultats, a estimé que le scrutin était «crédible», le qualifiant de «succès» pour le pays tout en appelant les différents partis à «accepter les résultats».

L'Alliance nationale irakienne (ANI), qui rassemble des partis religieux chiites, arrive troisième avec 70 sièges alors que la liste Kurdistania des deux grands partis kurdes obtient 43 sièges.

L'Assemblée, qui compte 325 députés, sera complétée par des élus des diverses minorités.

Le prochain premier ministre doit s'attendre à de longues et difficiles tractations. Le vainqueur ne dispose en effet pas d'une majorité absolue pour gouverner seul et devra rassembler une coalition.

M. Allawi, qui a joué pendant la campagne sur une image de nationaliste transcendant les communautés, a réalisé de très bons scores dans les régions sunnites et à Bagdad, tout en gagnant 12 sièges dans les régions chiites.

Les électeurs des zones chiites du Sud ont préféré, eux, la continuité avec M. Maliki, qui se targue d'avoir rétabli la sécurité dans le pays dont il a pris les rênes au pire moment des violences communautaires. Mais les régions sunnites l'ont boudé et ne lui ont donné aucun siège.