Malgré une vaste expérience de près de 30 ans en politique, Louise Harel n'avait jamais participé, avant de se porter candidate à la mairie de Montréal, à une campagne électorale aussi mouvementée et fertile en rebondissements que celle qui s'achève.

C'est ce qu'a confié la chef de Vision Montréal, vendredi, à l'occasion d'un point de presse qui visait à lancer un dernier appel à la population montréalaise à se présenter aux urnes en grand nombre dimanche.

«Ni moi, ni vous, ni aucun Montréalais ne s'attendait à une campagne qui a été l'équivalent d'une téléréalité», a imagé Mme Harel, entourée de plusieurs candidats et candidates, qui ont maintes fois scandé son nom avant et après la rencontre de presse.

À 48 heures du scrutin, la chef de Vision Montréal a repris une phrase qu'elle avait lancée plus tôt cette année pour inciter les Montréalais à procéder à un changement de cap.

«J'ai mal à ma ville. C'est le grand cri du coeur que j'ai lancé en février et qui m'amène ici ce matin. Ce mal à notre ville, je l'ai partagé avec beaucoup, beaucoup de Montréalais au cours de cette campagne. Je crois que le temps est venu de vraiment tourner la page et de rouvrir un chapitre complet dans l'avenir de Montréal.»

Mais malgré toute son assurance et l'enthousiasme qui régnait à son local vendredi matin, rien n'est joué dans la course à la mairie. Un sondage pour le compte de La Presse, publié vendredi, et sur lequel Mme Harel n'a pas voulu trop s'étendre, lui accorde maintenant 34% des intentions de vote, comparativement à 41% au début de septembre.

Le leader de Projet Montréal, Richard Bergeron, est passé de 14 à 32% de la faveur électorale, tandis que Gérald Tremblay a glissé de 38 à 30%.

«On verra dimanche. Le véritable sondage, c'est dans deux jours. Alors, je ne voudrais pas commenter celui qui est publié ce matin (vendredi), parce que le véritable sondage viendra des Montréalais qui iront voter dimanche et décideront de l'avenir de leur ville», a-t-elle répondu.

Par ailleurs, sans le dire ouvertement, Mme Harel a laissé sous-entendre que les révélations de son ancien bras droit, Benoit Labonté, la semaine dernière sur les ondes de Radio-Canada, avaient secoué l'entourage de Vision Montréal.

«Nous avons vécu de dures épreuves la semaine dernière, et ce qui m'a gardée debout, c'est cette équipe que j'ai bâtie et qui m'entoure aujourd'hui», a déclaré Mme Harel dans les minutes qui ont suivi sa conférence de presse.

De son côté, M. Bergeron a déclaré n'être nullement étonné de la tournure des événements.

«Ça pourrait vous surprendre, mais j'ai toujours cru en nous, en moi et en l'équipe de Projet Montréal, et le seul scénario que nous avions en tête est celui qui est sur le point de se réaliser. C'est exactement le plan de match que nous avions», a-t-il déclaré à La Presse Canadienne vendredi.

«C'est une expérience que nous avons connue lors des partielles des trois dernières années (Marie-Victorin, Outremont, Ahuntsic), a ajouté M. Bergeron. En début de campagne, nous récoltions entre deux et quatre pour cent dans les sondages. On a fini à 32 pour cent, 37 pour cent et 28 pour cent. On sait à quel point la dynamique des campagnes électorales nous est favorable car elle donne l'occasion de nous faire connaître et de montrer à quel point nous sommes différents.»

M. Bergeron s'est dit particulièrement fier d'avoir mené une campagne avec à peine 200 000 $ et est convaincu que Projet Montréal aurait réalisé les mêmes gains si les questions reliées à l'éthique et l'intégrité n'avaient pas monopolisé toute l'attention des médias, parce que son programme, a-t-il ajouté, «est nettement meilleur que celui des deux autres formations politiques».

De son côté, une porte-parole d'Union Montréal a indiqué que le maire Tremblay devait présenter son bilan de la campagne samedi matin lors d'une conférence de presse.

Cependant, lors d'une rencontre de presse impromptue vendredi, le chef d'Union Montréal s'en est pris aux agendas économiques de ses deux principaux rivaux.

«D'un côté, vous avez Vision Montréal, qui veut geler le fardeau fiscal et les tarifs de la STM, malgré un déficit de 40 millions $. En plus, Mme Harel a dit qu'elle voulait augmenter les dépenses de 300 millions $. De l'autre côté, vous avez Projet Montréal, qui annonce vouloir augmenter les taxes au niveau de l'inflation, mais également les dépenses de 600 millions $. Je pense que c'est une méconnaissance totale des finances publiques de la Ville de Montréal», a lancé M. Tremblay.