Jean Charest envisage de déclencher des élections, un scrutin que désapprouvent sept personnes sur dix. Même les sympathisants libéraux estiment que le moment n'est pas propice pour se lancer dans une autre campagne électorale.

C'est ce que constate la maison CROP dans une enquête menée pour La Presse du 16 au 26 octobre derniers, auprès de 1001 répondants. Un tel coup de sonde est précis à trois points de pourcentage près. L'enquête constate aussi que la satisfaction à l'endroit du gouvernement a reculé de 7%, mais reste très forte, à 54%.

Le PLQ glisse aussi de trois points de pourcentage dans les intentions de vote, passant de 41 à 38% en un mois, après répartition proportionnelle des 11% d'indécis. Le PQ reste au même point, à 32% tandis que l'ADQ monte d'un cran, à 17%. Chez les francophones, le PQ obtient 39% des intentions de vote contre 30% pour les libéraux. Pour le PLQ, c'est un repli de cinq points de pourcentage en un mois auprès des francophones, tandis que les péquistes prennent deux points. L'ADQ est à 19% chez les francophones, une montée d'un point sur l'enquête de la fin septembre.

Consultez les données du sondage:

> Évolution de la situation politique 

> Complément

 

Selon Claude Gauthier, avec un taux de satisfaction au-dessus des 50% depuis le début de l'année, les libéraux sont en terrain solide pour se lancer en campagne électorale. L'avance du PLQ sur le PQ est passée de neuf à six points de pourcentage entre septembre et octobre. Mais pour le spécialiste de CROP, Jean Charest a de bonnes chances d'obtenir le mandat majoritaire qu'il souhaite, mais tout n'est pas joué pour autant.

Car quand on leur demande s'ils souhaitent « la tenue d'élections générales anticipées au Québec afin de confier un mandat majoritaire à l'un des partis », les Québécois répondent «non» à 70%. Cette réprobation se retrouve également répartie, chez les supporteurs des trois principaux partis, autour de 70%. Dans la région de Québec, on atteint 79% de gens qui ne souhaitent pas retourner voter ; chez les francophones, on désapprouve l'intention de Jean Charest à 73%.

Tout indiquait que le premier ministre Charest déclencherait des élections dès la semaine prochaine, pour un scrutin le 8 décembre.

«Il part avec ce handicap, cette question de la justification des élections devra être traitée avec attention, et les libéraux devront sortir cela vite du débat public», prévient Claude Gauthier, vice-président de CROP. «M. Charest devra démontrer qu'il lance la campagne pour des raisons qui ne sont pas partisanes. Bien des observateurs vont vous dire que le débat sur la pertinence des élections durera deux ou trois jours tout au plus. Si la campagne est bien menée, les gens vont embarquer», pense le sondeur. «Choisir le meilleur moment pour déclencher... cela fait partie des règles du jeu», souligne-t-il.

CROP avait sondé l'appui à la tenue d'élections le printemps dernier et avait constaté que déjà 70 % des gens ne souhaitaient pas aller voter.

En revanche, l'idée d'un gouvernement minoritaire à Québec est un peu moins populaire qu'au printemps dernier. Deux personnes sur trois, soit 66% des gens, jugeaient alors que cette situation était «plutôt favorable aux intérêts de la population». Il s'en trouvait encore 59% à la fin de ce mois-ci.

En plus du taux de satisfaction favorable, la popularité de Jean Charest fait que dans l'ensemble, «il y a un avantage, un petit momentum pour le PLQ actuellement», estime M. Gauthier. Au palmarès du «meilleur premier ministre du Québec, Jean Charest domine avec 37% d'appuis. C'est un recul de quatre points de pourcentage sur le mois précédent, mais il maintient, comme «meilleur premier ministre», une avance confortable sur Pauline Marois, à 29%, et Mario Dumont, à 16%.

Francophones et régions

Chez les francophones, l'écart, qui n'était que de deux points de pourcentage entre péquistes et libéraux il y a un mois, a subitement monté à neuf points. Les troupes de Pauline Marois récoltent 39% d'appuis chez les francophones, contre 30% pour les libéraux. Fin septembre, les libéraux chauffaient les péquistes chez les francophones, avec 35% d'appuis contre 37% au PQ. L'ADQ marque le pas à 19%.

Selon la région, l'appui aux partis se distribue différemment. Les libéraux récoltent 42% d'appuis dans la région de Québec, un château fort adéquiste aux dernières élections. Dans la région de la capitale, le PQ glisse de trois points à 26%, et l'ADQ de sept points à 15%.

À Montréal, les libéraux récoltent 43%, contre 31% aux péquistes et 11% aux adéquistes. Ailleurs en région, les péquistes ont une légère avance sur les libéraux, à 35% contre 32%. Les adéquistes ferment la marche avec 24%.