L'Allemagne est en état de choc. Ce matin, un adolescent de 17 ans a ouvert le feu dans son ancien collège, tuant au moins 15 personnes avant de périr à l'issue d'une folle cavale dans la région de Stuttgart.

La chancelière Angela Merkel, lors d'une courte intervention transmise en directe à la télévision en milieu d'après-midi, a indiqué qu'il s'agissait d'une «journée de deuil» pour le pays, déjà secoué à plusieurs reprises par des fusillades en milieu scolaire. La dirigeante allemande, faisant écho aux propos de plusieurs élus locaux et nationaux, s'est dite «horrifiée» par l'action «inconcevable» du tueur, identifié comme étant Tim Kretschner.

Selon la police, le jeune homme a fait irruption dans le collège Albertville, à Winnenden, vers 9h30, et a ouvert le feu dans deux salles de classe sans dire un mot pour expliquer son geste. Il a fauché neuf adolescents d'une quinzaine d'années ainsi que trois enseignants, rechargeant «constamment» son arme, a raconté le chef de police Konrad Gelden.

Plusieurs élèves ont sauté par la fenêtre dans l'espoir d'échapper aux balles de l'agresseur, qui a pris la fuite à pied, tuant une autre personne avant de détourner une voiture.

Les forces de l'ordre, arrivées trop tard pour l'appréhender sur place, ont lancé une vaste chasse à l'homme ayant mobilisé plusieurs centaines d'agents lourdement armés, des hélicoptères et des chiens pisteurs. Cela a permis de retracer le fuyard au bout de quelques heures à une quarantaine de kilomètres de son point de départ. Il a tué deux autres passants avant de mourir à la suite d'un échange de tirs avec les forces de l'ordre.

 

Suicide probable

Le ministère de l'Intérieur a rapidement assuré que le jeune homme avait été abattu par les policiers, mais une certaine confusion régnait encore à ce sujet en soirée. Un autre responsable policier a indiqué que le meurtrier a plutôt retourné son arme contre lui après avoir été blessé.

Les familles des élèves, alertés par les rapports médiatiques et les appels de leurs enfants, ont rapidement convergé en matinée vers le collège, qui a été évacué pendant que la poursuite se déroulait.

Certains élèves ont tenté, de l'intérieur même de l'établissement, de joindre leurs proches avec leur portable sans trop savoir ce qui arrivait. «Il m'a dit qu'il y avait du sang partout et qu'il avait peur», a relaté à l'Agence France-Presse le frère de l'un des élèves ainsi contactés.

La police a mené dans la journée une perquisition à la résidence de l'attaquant, qui avait dérobé, au dire des autorités, une arme ainsi qu'une cinquantaine de balles à l'imposante collection de son père, membre d'un club de tir.

Les enquêteurs disaient mercredi ne disposer d'aucune indication quant aux motifs du jeune homme, décrit par des élèves comme un individu réservé.

«Le tireur voulait détruire toute l'école. Il n'y avait rien de particulier dans ses antécédents qui puisse laisser penser qu'une telle chose était possible », a déclaré le ministre de l'intérieur du Bade-Wurtemberg, Heribert Rech.

Filles et femmes tuées

Quelques publications allemandes évoquaient la possibilité d'un acte misogyne, relevant la présence de plusieurs filles et femmes parmi les victimes.

L'action de Tim Krestchner rappelait mercredi à bien des Allemands une autre sinistre fusillade, survenue à Erfurt, dans l'est du pays, en avril 2002. Le meurtrier, un homme de 19 ans, avait tué 16 personnes avant de s'enlever la vie.

Divers médias avaient alors questionné le «mythe» voulant qu'il soit très difficile de se procurer une arme à feu dans le pays. Ironiquement, l'incident était survenu alors même que les élus planchaient sur une loi visant à renforcer les conditions de détention existantes.

Quatre ans plus tard, un autre forcené de 18 ans avait ouvert le feu dans une école d'Emsdetten, blessant plus de 30 personnes, dont une quinzaine de policiers arrivés en renfort. Il avait prévenu des gens de l'établissement qu'ils «mourraient tous» plusieurs jours avant de passer à l'acte.

En 2007, la police a démantelé un projet de fusillade fomenté par deux élèves d'un lycée de Cologne qui souhaitaient souligner, de sordide façon, le premier anniversaire de la fusillade d'Emsdetten.

Ils ont été appréhendés après que les autorités eurent été avisées de la présence sur l'une de leurs pages web personnelles de photos rappelant la tuerie survenue en 1999 au lycée de Columbine, dans le Colorado.

L'annonce de 2007 avait mené à un renforcement des mesures de sécurité et de prévention dans les écoles du pays, qui sont généralement dépourvues de tout matériel de détection.

Comme l'avaient fait les précédents incidents, la fusillade de Winnenden promet de relancer de plus belle le débat sur la meilleure manière de contrer une forme de violence extrême que les Allemands associent plus volontairement à la société américaine qu'à la leur.

«Il faut nous demander comment nous pouvons prévenir de tels actes et comprendre ce qui peut amener des gens à les poser», a déclaré la ministre des Affaires familiales, Ursula von der Leyen.

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