Le premier ministre Stephen Harper a récolté ce qu'il a semé lorsqu'il a essuyé les critiques des autorités chinoises pour avoir mis quatre ans avant d'effectuer une visite officielle en Chine.

Le critique libéral aux affaires étrangères, Bob Rae, a soutenu jeudi que M. Harper n'a que lui-même à blâmer pour cette réprimande publique de la part du président chinois Hu Jintao et du premier ministre chinois Wen Jiabao. L'indifférence du gouvernement Harper envers la Chine au cours des quatre dernières années a nui aux intérêts du Canada, selon M. Rae.

«Il a été mis en garde en privé et en public. Il a été averti par les gens d'affaires, par les fonctionnaires des Affaires étrangères qu'il fallait soigner nos relations avec la Chine. Maintenant nous avons droit au spectacle du premier ministre en train de se faire réprimander devant le monde entier au tout début de sa visite», a affirmé M. Rae.

«De toute évidence, nous avons déjà payé un prix pour cela pour ces quatre années. Nous avons été non seulement marginalisés, mais nous avons délibérément négligé la Chine», a-t-il ajouté.

Devant les caméras de télévision, le premier ministre chinois Wen Jiabao a pris le temps de souligner que la dernière visite d'une premier ministre canadien en Chine remontait à cinq ans et que M. Harper a attendu trop longtemps avant de mettre le cap vers Pékin.

«Cinq ans, c'est trop long. C'est pourquoi il y a eu des commentaires dans les médias selon lesquels votre visite aurait dû avoir lieu plus tôt», a dit le premier ministre chinois.

Visiblement surpris de ces propos, le premier ministre Harper a rétorqué que cela fait aussi cinq ans qu'un dirigeant chinois a foulé le sol canadien.

Selon M. Rae, le premier ministre Harper aurait dû tourner sa langue sept fois avant d'offrir cette réplique. «C'est ridicule. Il a eu l'air encore plus étourdi», a dit M. Rae.

«Il faut bien comprendre que la Chine est un pays qui met beaucoup l'accent sur la diplomatie et les relations formelles. C'est très inhabituel d'adopter un tel ton au début d'une visite officielle. Tout cela s'explique par la décision sans précédent de M. Harper de ne pas se rendre en Chine et sa négligence des intérêts canadiens d'avoir de bonnes relations avec la Chine», a-t-il ajouté.

M. Rae a souligné que tous les premiers ministres du Canada, de John Diefenbaker à Paul Martin, ont accordé beaucoup d'importance aux relations canado-chinoises et que l'indifférence de M. Harper envers la Chine a contribué à refroidir les relations entre les deux pays.