De Shanghai à Hong Kong, le premier ministre canadien a conclu ce week-end son tout premier voyage officiel en Chine, avant de prendre le chemin de la Corée du Sud.

Si l'économie a été au coeur de la visite de Stephen Harper, c'est sur une note plus solennelle que le premier ministre a mis fin à son séjour à Hong Kong, hier, à la cérémonie annuelle en hommage aux soldats canadiens qui se sont battus pour défendre la colonie britannique pendant la Deuxième Guerre mondiale.

 

Au son de la cornemuse, M. Harper et sa femme, Laureen, ont traversé l'allée centrale du cimetière militaire de la baie de Sai Wan, bordée de dizaines de tombes identiques de soldats inconnus.

Sous le chaud soleil de Hong Kong, le premier ministre a rendu hommage aux quelque 2000 soldats canadiens envoyés en renfort en décembre 1941 pour contrer une attaque japonaise particulièrement sanglante. Mal équipés, sans ressources supplémentaires, ils furent rapidement battus, et plus du tiers d'entre eux y ont laissé leur vie en quelques semaines.

«Refusant de capituler, les Canadiens se sont battus jusqu'au bout de leurs forces. Ils ont courageusement affronté l'attaque écrasante et ont défendu leur position avec ténacité jusqu'à la fin», a dit le premier ministre.

Le grand-père du ministre du Commerce international, Stockwell Day, faisait partie de ce contingent. Fait prisonnier, il a été détenu pendant quatre ans et torturé par les Japonais. Il est mort un an après son retour au Canada, à la fin de la guerre, des suites de ses blessures.

Le premier ministre a terminé son discours en affirmant sa reconnaissance envers «ceux qui continuent de défendre nos valeurs, en Afghanistan et ailleurs dans le monde».

En matinée, M. Harper était sorti d'une rencontre avec le chef exécutif de la région administrative spéciale de Hong Kong, Donald Tsang, avec en poche deux ententes. L'administration de Hong Kong a d'abord accepté de lever les dernières restrictions sur les importations de boeuf canadien, imposées à la suite du premier cas de vache folle, en 2003. Pour les producteurs de bovins, la réouverture complète du marché pourrait représenter des revenus additionnels de 26 millions.

Puis une toute nouvelle entente de mobilité permettra à de jeunes Canadiens de voyager et travailler pendant un an à Hong Kong, et réciproquement pour les Hongkongais qui viendront au Canada. Ottawa a de telles ententes avec une vingtaine de pays.

À son arrivée chez le tigre asiatique, la veille, M. Harper avait prononcé une courte allocution devant la chambre de commerce canadienne de la région, la plus importante à l'extérieur du pays.

Des relations prospères

En fait, a répété le premier ministre en souriant, Hong Kong est «une des plus grandes villes canadiennes dans le monde». Partenaire économique de longue date, Hong Kong abrite 220 000 Canadiens. Les autorités consulaires évaluent que 16% de la population hongkongaise aurait de la parenté au Canada.

Si les relations avec Hong Kong sont établies depuis longtemps et prospères, la Chine continentale est un marché plus difficile à percer, a concédé le premier ministre à l'issue d'une rencontre, samedi après-midi, avec des gens d'affaires canadiens installés à Shanghai.

«Ce n'est pas une situation facile. C'est une économie très dynamique, très concurrentielle, a dit M. Harper. Tous les acteurs majeurs de la planète sont ici, et étant donné la nature du marché du travail et d'autres aspects, c'est extrêmement compétitif.»

Au pays, la classe d'affaires canadienne avait reproché au gouvernement son manque d'intérêt pour la Chine - le premier ministre s'y rendait pour la première fois après presque quatre ans au pouvoir - craignant que cela nuise au commerce.

Après avoir visité l'impressionnant chantier de construction du Pavillon du Canada à l'exposition universelle de Shanghai 2010, en matinée, M. Harper s'est permis un petit bain de foule aux jardins Yu, rue commerçante typique où il a acheté du thé pour sa mère.

Le premier voyage en sol chinois du premier ministre conservateur s'est donc terminé mieux qu'il n'avait commencé, après la rebuffade publique que M. Harper avait dû essuyer à Pékin de la part du premier ministre Wen Jiabao, qui lui reprochait d'avoir mis trop de temps avant de visiter la Chine.

Mais à l'issue de ces cinq jours, d'abord en Chine continentale, puis à Hong Kong, le premier ministre a finalement parlé beaucoup plus de la façon d'améliorer les échanges économiques entre le Canada et le géant asiatique que des droits de la personne, qu'il se promettait de soulever à chaque instance.