La Santé publique a franchi une nouvelle étape vers une surveillance plus intense de l'exposition à l'amiante dans les lieux de travail.

Dans un avis diffusé hier, le Comité d'éthique de santé publique déclare que le plan proposé par l'Institut national de la santé publique (INSPQ) ne compromet pas la protection de la vie privée.

Le comité estime cependant qu'il doit en savoir plus sur le rôle que peut jouer la Commission de la construction du Québec dans l'un des volets de ce plan.

Ce comité indépendant était chargé d'évaluer le plan de l'INSPQ visant à faire un suivi plus serré de trois maladies: l'amiantose, le mésothéliome de la plèvre et le cancer du poumon lié à une exposition professionnelle à l'amiante.

Entre 1998 et 2002, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) a reçu plus de 500 demandes d'indemnisation pour des maladies pulmonaires liées à l'amiante. En 2007, ces maladies ont causé près de la moitié des 206 morts pour lesquelles la CSST a versé des indemnités.

Mais cela ne représenterait qu'une fraction des maladies et des morts dues à l'amiante au Québec.

Déclaration inadéquate

L'amiantose et le mésothéliome sont des maladies à déclaration obligatoire, mais l'INSPQ soupçonne que plusieurs cas ne sont pas déclarés. On veut donc faciliter la tâche des médecins en permettant à une infirmière ou à un archiviste médical de remplir le formulaire de déclaration avec l'accord du médecin.

Même en supposant que tous les cas d'amiantose et de mésothéliome sont déclarés, seulement un cas sur trois d'amiantose et un cas sur cinq de mésothéliome font l'objet d'une réclamation à la CSST.

«Les fichiers des MADO (maladies à déclaration obligatoire) refléteraient inadéquatement l'ampleur de ces maladies, écrit le Comité. C'est pour pallier ce problème que le développement du système de surveillance des maladies reliées à l'amiante vise à améliorer le taux de déclaration de ces maladies.»

La mise en place d'un nouveau système de surveillance a été proposée après que le Québec se fut doté en 2002 d'une «Politique d'utilisation accrue et sécuritaire de l'amiante».

Même si l'amiante est cancérigène et que l'Organisation mondiale de la santé privilégie la fin de son utilisation, on l'utilise toujours au Québec, principalement dans les canalisations d'eau et dans la fabrication d'asphalte.

Récemment, La Presse a révélé que le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) prévoit utiliser de l'amiante-ciment dans ses conduites d'évacuation d'eau de pluie.

Le week-end dernier, The Gazette a rapporté que, de son côté, le Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) avait choisi d'utiliser de la fonte plutôt que de l'amiante-ciment pour les canalisations de son centre de recherche, actuellement en construction.

Démissions à la Croix-Rouge

La controverse de l'amiante a frappé la Croix-Rouge canadienne dans les derniers jours. Deux membres du conseil des gouverneurs de l'organisme ont démissionné au cours du week-end.

L'une est la Montréalaise Roshi Chadha. Selon l'Ottawa Citizen, elle est une dirigeante de l'entreprise Seja Trade, qui exporte de l'amiante québécois, notamment en Inde.

Le conjoint de Mme Chadha, Baljit Singh Chahda, préside Balcorp, qui tente de rouvrir la mine d'amiante Jeffrey à Asbestos. Balcorp a été cliente de la mine Jeffrey pendant 15 ans.

Mme Chadha avait subi des pressions pour démissionner en raison de ses intérêts dans l'industrie de l'amiante. Son rôle à la Croix-Rouge avait notamment été dénoncé par des groupes anti-amiante en Inde.

Un autre membre du conseil, Peter Robinson, avait auparavant annoncé sa démission. M. Robinson est directeur général de la Fondation David Suzuki. Il siégeait à titre personnel, mais la Fondation fait campagne contre l'amiante.

Mme Chadha est engagée dans plusieurs oeuvres caritatives, dont la campagne de financement de l'Université McGill. Elle n'a pas répondu au courriel de La Presse, hier.