Le champagne et les larmes coulaient à flots dans le vestiaire des Alouettes. Après tant de déceptions, la victoire in extremis d'hier avait doublement bon goût.

«C'est une sensation incroyable! Je suis heureux pour toute l'organisation, le propriétaire, M. Wetenhall, et aussi pour toutes les bonnes équipes qu'on a eues pendant toutes ces années. Ça valide ce qu'on a accompli depuis le début de la décennie. On est des champions de nouveau!» s'est exclamé le directeur général, Jim Popp.

Or, il s'en est fallu de peu pour que l'historique campagne des Oiseaux tourne au cauchemar. Lorsque Damon Duval a raté sa première tentative de placement alors qu'il ne restait que 5 secondes au match et que les Roughriders menaient 27-25, Avon Cobourne croyait que c'était la fin d'un beau rêve.

«Évidemment que je croyais que c'était terminé, pas vous? Mais cette victoire était prédestinée», a dit l'ace porteur et joueur par excellence du match.

Cobourne a terminé la rencontre avec 85 verges au sol et 64 par la passe, dont la majorité a été obtenue en deuxième demie.

«Les entraîneurs et A. C. (Anthony Calvillo) ont décidé de me donner la chance de réussir des jeux en deuxième demie, et c'est ce que j'ai fait», a commenté Cobourne.

Duval a fait oublier une performance ordinaire en réussissant le botté de la victoire, lui qui avait raté deux bottés de dégagement coup sur coup en première demie. «Les deux pires bottés de dégagement de ma vie», a-t-il d'ailleurs indiqué.

Mais comme plusieurs de ses coéquipiers, Duval a estimé que c'était écrit dans le ciel que les Alouettes gagneraient le match.

«Dès que j'ai botté le ballon la première fois, j'ai vu le foulard sortir... J'ai donc tout de suite oublié ce premier botté pour me concentrer sur le second. Dieu nous a donné une deuxième chance, et on l'a saisie», a déclaré le botteur.

Évidemment, cette victoire représentait peut-être davantage pour Anthony Calvillo que pour n'importe qui d'autre chez les Alouettes. Souvent accusé d'être incapable de remporter les matchs importants, le quart-arrière a rebondi de belle façon après une première demie en dents de scie, terminant la rencontre avec 26 passes complétées en 39 tentatives, 314 verges de gains, et 2 touchés.

«On devait simplement commencer à réussir des jeux, en première demie. C'est comme si tout le monde attendait que quelqu'un d'autre fasse des jeux», a dit Calvillo.

«À la mi-temps, Shea Emry et Avon Cobourne ont pété les plombs dans le vestiaire... Puis, on s'est calmés et on a retrouvé notre aplomb. La défense a dit qu'elle fermerait la porte, et on a dit qu'on inscrirait des touchés en attaque, et c'est exactement ce qu'on a fait», a expliqué le vétéran passeur, qui comprenait très bien l'importance de cette victoire pour l'ensemble de sa carrière.

«On a maintenant une fiche de 2-5 en finale, plutôt que 1-6, et ça fait une énorme différence. Ça valide en quelque sorte tout le succès qu'on a obtenu.»

Calvillo a ensuite refoulé des sanglots lorsqu'il a parlé de l'échec qu'ont subi les Alouettes en finale, l'année dernière au Stade olympique. Un revers qui survenait un peu plus d'un an après que sa femme Alexia eut été diagnostiquée d'un cancer.

«L'année dernière, j'avais dit à ma femme que je gagnerais le match pour elle, et on a perdu. Ça m'a tué», a-t-il laissé tomber, visiblement épuisé par ce qu'il venait de vivre sur le terrain.

Mais après la pluie, le beau temps. Calvillo pourra enfin savourer la joie d'être dans les souliers du gagnant, et n'aura plus à répondre à ses détracteurs: il a maintenant deux bagues.

«Ce n'était pas une question de vengeance. Je me sens tout simplement soulagé... C'est un grand soulagement.»