L'épidémie de grippe porcine a continué de progresser mercredi, passant le cap des 10 000 malades dans le monde, avec un bilan de 80 morts et une nette poussée au Japon, où deux cas de contamination sont apparus à Tokyo.

Le virus mutant A(H1N1), pour lequel il n'existe pour le moment pas de vaccin et qui est à la fois d'origine porcine, aviaire et humaine, a officiellement contaminé 10 243 personnes dans 41 pays, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Taïwan est devenu le 41e pays concerné avec l'annonce d'un premier cas mercredi, sur un médecin australien arrivé de New York via Hong Kong.

La majorité des nouveaux cas (+413 en une journée, ndlr) ont été recensés aux Etats-Unis et au Japon, désormais le quatrième pays le plus touché loin derrière le Mexique, les Etats-Unis et le Canada.

Les experts de l'OMS surveillent de près la situation au Japon, où la confirmation de l'apparition d'un foyer de contamination autonome, en dehors du continent américain, justifierait de relever le niveau d'alerte de cinq à six, le maximum.

Le virus a fait mercredi son apparition dans l'agglomération du «Grand Tokyo», qui compte 36 millions d'habitants, confirmant les craintes des experts. Deux lycéennes japonaises qui s'étaient récemment rendues aux Etats-Unis ont été testées positives au virus A(H1N1).

Le ministère japonais de la Santé a annoncé que le nombre de cas confirmés d'infections dans l'ensemble du Japon s'élevait à 267 mercredi en fin de journée.

Jusqu'à présent, les cas d'infection détectés au Japon étaient concentrés dans deux préfectures de l'ouest du pays, celles d'Osaka et de Hyogo. Mais un cas a été signalé mercredi dans une troisième préfecture, voisine des deux précédentes, celle de Shiga, dans le centre-ouest.

La grande ville de Kobe, dans la préfecture de Hyogo, est la plus touchée par la maladie. Ses responsables, évoquant une «quasi-épidémie», ont annoncé qu'ils renonçaient à dépister le virus A(H1N1) chez toutes les personnes présentant des symptômes de grippe.

Partout, dans les autobus, les trains, les métros et centres commerciaux, les passants portent des masques. Plus de 4.400 écoles japonaises ont été fermées.

La Chine a détecté son cinquième cas de grippe porcine, a annoncé l'agence Chine Nouvelle, précisant qu'il avait été diagnostiqué à Pékin sur un ressortissant étranger.

C'est au Mexique, foyer initial de l'épidémie, que le virus a fait le plus de victimes: le bilan est passé mercredi à 75 morts et à 3 817 malades.

Aux Etats-Unis, le nombre de cas s'élevait mardi à 5.469 dans 47 Etats et à Washington, la capitale. Des analyses ont toutefois montré que le bébé de 16 mois décédé en début de semaine à New York n'avait pas contracté la grippe porcine.

Mardi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait appelé les 193 Etats membres de l'OMS à «rester vigilants, attentifs au moindre signe» de propagation du virus, au cours de l'assemblée annuelle de l'organisation à Genève.

«Comme les pandémies précédentes l'ont montré, la situation peut évoluer par phases: une phase modérée peut être suivie d'une autre phase qui le sera moins», a-t-il prévenu.

Les experts de l'OMS redoutent une mutation du virus en une souche plus dangereuse après un possible échange de matériel génétique avec le virus aviaire H5N1, dont le taux de mortalité peut atteindre 60%.

Après le Mexique le 16 mai, le Panama a remis mercredi à l'OMS une source du virus en vue de la reccherche sur un vaccin.

L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a d'ailleurs appelé à la levée des restrictions aériennes imposées par certains pays afin de ne pas créer des «entraves inutiles» au trafic aérien.

Les gouvernements d'Asie, traumatisés par l'épidémie de grippe aviaire de 2003 dans la région, ont adopté des mesures très strictes d'isolement à chaque soupçon ou détection de cas de la nouvelle grippe.

Une vingtaine de touristes étrangers confinés dans un hôtel du Tibet ont pu recouvrer la liberté mercredi, des tests sur une Italienne de 42 ans ayant montré qu'elle souffrait de la grippe commune. La Chine s'est vu reprocher un zèle excessif dans les mises en quarantaine préventives par des pays comme le Mexique et le Canada.

L'Egypte a cependant mis en garde contre les risques de contamination des millions de musulmans se rendant en pèlerinage à La Mecque (Arabie saoudite).