Masques, médicaments, seringues, matelas, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) est en train de stocker du matériel dans plusieurs entrepôts de la province pour faire face à une pandémie de grippe A(H1N1).

«Les craintes que nous avions au début, et que nous avons toujours, c'est d'avoir des difficultés d'approvisionnement. Si nos compagnies pharmaceutiques ne peuvent nous approvisionner, nous devons stocker pour être en mesure de faire face à cette pandémie», explique Pierre Laflamme, coordonnateur pandémie au ministère de la Santé et des Services sociaux.

 

Mis en place en 2006, dans la foulée de la grippe aviaire, le plan de préparation de Québec prévoyait que 35% de la population serait touchée. Il fallait donc tenir compte que la pandémie ferait 2,6 millions de malades, nécessiterait 34 000 hospitalisations et entraînerait 8500 décès.

À ce jour, la virulence du virus de la grippe A(H1N1) semble moins importante que ce que les prédictions laissaient présager. Mais les autorités de la santé publique ne veulent rien laisser au hasard.

Ainsi, 53 millions de paires de gants, 37 000 unités de gel antiseptique, 2,5 millions de blouses non stériles, 23 millions de masques, 15 millions de seringues et 12 000 contenants pour entreposer les seringues usagées ont été achetés.

Stéthoscopes, lits, respirateurs, visières ou thermomètres, la liste de matériel est longue. Elle inclut également 70 sortes de médicaments que l'on retrouve habituellement dans les hôpitaux, principalement des antibiotiques. Des réserves qui devraient être suffisantes pour huit semaines.

À cela s'ajoute l'achat de 15 millions de doses d'antiviraux comme le Tamiflu et le Relenza. L'approvisionnement est constant puisque le Ministère doit s'assurer que les médicaments ne sont pas périmés.

Dans le cas des antiviraux, par exemple, les deux tiers des réserves seront échus en janvier prochain, si bien que des achats seront faits d'ici la fin de l'année.

«Nous sommes en train de corriger certaines choses en terme d'inventaire qui vont nous permettre d'avoir un peu plus d'antiviraux pédiatriques plutôt que d'antiviraux dits pour adultes», explique M. Laflamme.

Si la situation s'aggrave, le Ministère a également prévu l'ouverture de sites non traditionnels (SNT) qui doivent aussi être approvisionnés. Il s'agira de locaux inutilisés transformés en salles de soins, dans des hôpitaux ou certains lieux publics. Aux quelque 17 000 lits de courte durée existants dans la province s'ajouteront ainsi 4800 lits dans les SNT.

Il faudra aussi prévoir du délestage. Les hôpitaux devront cesser certaines interventions médicales ou chirurgicales jugées moins urgentes pour se concentrer sur la pandémie. «Il va falloir prévoir ça, on n'a pas le choix», souligne M. Laflamme.

Une fois la pandémie passée, le Ministère aura à décider s'il continue de maintenir des réserves. «Nous en avons encore pour un an et demi à vivre avec notre inventaire et à prévoir ce qu'on ne veut pas qui arrive. Est-ce que c'est un truc qu'on va maintenir? C'est une bonne question. Je pense que ce sont des discussions qu'il faudra avoir à l'interne», indique M. Laflamme.

La gestion des entrepôts a coûté à ce jour 300 000$. Quant à l'achat des stocks, le coordonnateur pandémie n'est pas en mesure de le quantifier puisqu'il s'agit principalement «de gonflement des réserves» qu'on retrouve actuellement dans les hôpitaux.