Les essais cliniques menés au Canada sur le vaccin contre la grippe A (H1N1) seront à peine commencés lorsque la campagne de vaccination massive s'amorcera, en novembre.

Encore hier, la ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq, a pourtant réaffirmé: «Au début novembre, nous disposerons d'un vaccin sûr et efficace que nous pourrons offrir aux Canadiens qui le souhaitent.»

 

Or, l'efficacité du vaccin ne sera réellement connue qu'au terme des essais cliniques, dans six mois.

Le vaccin produit par GlaxoSmithKline, qui détient un contrat d'exclusivité au Canada, n'est d'ailleurs pas encore approuvé. Il ne le sera vraisemblablement qu'au début du mois de novembre, au terme d'un processus d'évaluation accéléré, comme le prévoit le plan de lutte contre la pandémie, a indiqué Santé Canada à La Presse.

Le procédé de fabrication du vaccin est connu. Il est utilisé depuis plusieurs années pour le vaccin contre la grippe saisonnière. Mais au Canada, le vaccin saisonnier ne contient pas d'adjuvant (un produit qui vise à stimuler la réponse immunitaire), contrairement au vaccin A (H1N1), qui en contiendra un.

«On ne s'attend pas à des surprises, précise néanmoins le directeur national de la santé publique au Québec, le Dr Alain Poirier. Nous mettons en application ce que nous faisons d'année en année.»

Pour expliquer que la campagne de vaccination commence malgré le fait que les essais canadiens n'en seront encore qu'à leurs balbutiements, Santé Canada explique: «Le processus d'évaluation du vaccin utilise des données qui proviennent d'essais cliniques internationaux qui ont débuté au mois de septembre.»

De fait, GlaxoSmithKline mènera 15 essais cliniques auprès de 9000 volontaires en Europe, aux États-Unis et au Canada. Des essais ont débuté en Allemagne le mois dernier et «GSK Canada prévoit commencer les essais cliniques au Canada au début octobre», a fait savoir la porte-parole, Megan Sporre, à La Presse.

Au cours des derniers jours, des entreprises comme Innovaderm, à Montréal, et Q&T Recherche, à Sherbrooke, qui ont le mandat de mener les essais cliniques au pays, ont commencé à recruter des candidats prêts à tester le vaccin. Les études dureront six mois et rapporteront près de 600$ à chacun des volontaires, âgés de 19 à 40 ans.

Mais si les essais ne sont pas terminés, comment s'assurer que le vaccin est sans danger?

«Les études ont deux objectifs à court terme. Nous allons signaler immédiatement le profil d'effets indésirables qu'on aura observés. Dès le 7 novembre, ce sera terminé et on saura immédiatement quelle est l'innocuité du vaccin, assure Pierre Gervais, pharmacien et directeur de la recherche de Q&T. En ce qui concerne l'efficacité immunogénique, ça va prendre des mois.»

Parmi les effets secondaires, le vaccin peut provoquer des rougeurs, de la fièvre ou même un choc anaphylactique. À ce jour, l'Organisation mondiale de la santé a signalé qu'en Chine, 4 des 39 000 personnes vaccinées avaient éprouvé des effets secondaires mineurs.

Il faut attendre près de trois semaines après l'administration du vaccin pour savoir si l'organisme fabrique les anticorps nécessaires. Quant à l'efficacité du vaccin, on pourra en juger à la fin de l'hiver, une fois que l'ensemble de la population aura été vaccinée et que la saison grippale sera terminée.

 

Le tiers des Canadiens atteints?

La deuxième vague de grippe A (H1N1) au Canada pourrait frapper plus fort que la grippe saisonnière. Le gouvernement canadien prévoit que de 25 à 35% des Canadiens pourraient contracter le virus au cours de l'automne et de l'hiver. En conférence de presse, hier, la ministre Leona Aglukkaq s'est faite rassurante et a répété que le vaccin serait prêt dès la première semaine de novembre. La société pharmaceutique GlaxoSmithKline, à qui le gouvernement a commandé 50 millions de doses, commencera ses essais cliniques dans quelques jours, selon les autorités.