Une certaine confusion entoure la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1) qui a débuté hier. Toutes les doses ne sont pas encore arrivées et pour l'heure, ce sont presque exclusivement les travailleurs de la santé qui sont vaccinés.

C'est à compter de la semaine prochaine, avec le début de la vaccination pour la population à risque, que la campagne se mettra vraiment en branle. Les femmes enceintes devraient en faire partie puisque le gouvernement fédéral vient d'acheter en catastrophe 200 000 doses de vaccin sans adjuvant de l'Australie.

 

À Montréal, les travailleurs de la santé se feront vacciner à partir de demain. Dans certains établissements, notamment au CHUM, il faudra même attendre la semaine prochaine pour une vaccination de masse. «Nous n'avons pas encore reçu les doses pour nos travailleurs, nous les attendons sous peu», explique la porte-parole du CHUM, Lucie Dufresne.

Hier et aujourd'hui, l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal s'est plutôt concentrée sur la vaccination de patients très malades, notamment les cancéreux et les patients sous dialyse, explique la porte-parole de l'Agence, Monique Laganière.

Ce sera ensuite le tour des travailleurs de la santé, des techniciens ambulanciers et des pompiers et policiers qui agissent à titre de premiers répondants. Au total, 90 000 personnes sont visées dans l'île de Montréal cette semaine. «Pour l'ensemble de la population en bonne santé, la vaccination ne se fera pas avant le 7 décembre», rappelle Mme Laganière.

Il faut consulter le site de Pandémie Québec pour connaître les dates et lieux de vaccination, selon son secteur. Hier, pour la région de Montréal, on lisait simplement que les centres n'étaient pas encore ouverts.

Malgré tout, quelques personnes se sont présentées hier matin au Palais des congrès, l'un des centres désignés. Elles se sont heurtées à des portes closes. Même si personne ne sera refusé, la Santé publique demande à la population de respecter les dates de vaccination prévues selon leur catégorie - malades chroniques, enfants, personnes en bonne santé -, car les doses de vaccin arrivent graduellement.

En Montérégie, la vaccination des travailleurs de la santé a débuté hier. Quelque 30 000 personnes sont concernées. La vaccination de masse débutera la semaine prochaine, avec des dates spécifiques pour chaque catégorie de personnes. Mais là encore, on ne refusera pas la famille qui se présente au complet la même journée.

L'idée est de diriger le flot de clientèle, explique la Dre Jocelyne Sauvé, directrice de la santé publique à l'Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie. «L'objectif est aussi de s'assurer que, si on est pour manquer de doses - c'est quelque chose qu'on ne sait pas -, il faut s'assurer que les gens les plus vulnérables puissent être vaccinés en priorité.»

Un vaccin sans adjuvant dès la semaine prochaine

En outre, la ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq, a annoncé que le Canada a acheté 200 000 doses de vaccin sans adjuvant en provenance d'Australie afin d'offrir une protection dès la semaine prochaine aux femmes enceintes.

GlaxoSmithKline Canada doit aussi fournir 1,8 million de doses, mais elles ne seront disponibles qu'à la mi-novembre.

«Face à l'augmentation des cas de grippe A(H1N1) partout au Canada, il était prudent d'offrir plus tôt l'accès au vaccin sans adjuvant aux femmes enceintes», a expliqué la ministre.

Au cours des derniers jours, plusieurs voix se sont élevées, notamment celles de médecins, pour inciter la population à se faire vacciner. Hier, c'était au tour de l'administrateur en chef de la santé publique, le Dr David Butler-Jones.

«Je veux me protéger, mais aussi protéger les autres, a-t-il indiqué. Comment je vais me sentir si je choisis de ne pas faire vacciner mon enfant et qu'il meure? C'est la question à se poser.»

De leur côté, les infirmières comptent rester à l'écart de ces prises de position. La Fédération interprofessionnelle du Québec prône le libre choix pour ses membres, souligne la présidente, Régine Laurent.

«Si je dis cela (aux infirmières de se faire vacciner), les employeurs vont tomber à bras raccourcis sur mon monde qui ne se fait pas vacciner et elles devront démontrer pourquoi elles ne veulent pas.»

Mme Laurent déplore d'ailleurs que les infirmières n'aient pas le droit au même traitement que les médecins «qui, eux, ne se font pas questionner s'ils ne sont pas vaccinés», soutient-elle.