Les infirmières qui prodiguent le vaccin contre la grippe A (H1N1) à des personnes ne faisant pas partie des clientèles prioritaires s'exposent à des sanctions pouvant aller jusqu'au congédiement.

Ainsi, sans la complicité des infirmières, il sera plus difficile à quiconque de passer avant tout le monde dans la file, même si on est chanteur populaire ou membre d'une fondation d'hôpital, promet le ministre de la Santé, Yves Bolduc.

Le temps des passe-droits est terminé, a clamé mardi le ministre en conférence de presse.

«Les sanctions peuvent aller d'un avertissement jusqu'au congédiement», a dit le ministre, en espérant ne pas avoir à utiliser ce recours.

Car si, dans le passé, on pouvait attribuer de tels passe-droits à «un manque de jugement» de la part des infirmières, à l'avenir on jugera qu'elles font plutôt preuve de «mauvaise foi», a prévenu le ministre, qui n'entend plus à rire.

«A partir de maintenant, la directive est claire, et je ne verrais pas qu'il y ait un seul passe-droit qui se fasse au Québec», a tranché M. Bolduc.

Depuis le début de la deuxième vague de la pandémie de grippe A (H1N1), les médias rapportent régulièrement des cas de personnes ou de groupes ayant pu se faire vacciner, sans y avoir droit normalement.

Mardi, par exemple, on apprenait que le chanteur Claude Dubois et sa famille avaient évité une longue file d'attente et avaient pu être vaccinés, en passant par la porte arrière d'un centre de vaccination avec la complicité d'une infirmière.

Auparavant, c'étaient des membres de conseils d'administration d'un hôpital ou des membres de leur fondation ou encore des détenus à avoir ce privilège.

Ces histoires créent un malaise dans la population et donnent une image négative à la campagne de vaccination, ce que cherche à éviter le ministre.

Cela est particulièrement vrai cette semaine, alors qu'on assiste à une pénurie temporaire de vaccins.

Certains centres de vaccination, à Saguenay et en Montérégie, notamment, ont même dû fermer leurs portes pour quelques jours, faute de doses à offrir.

En un sens, a fait valoir le ministre, il s'agit quand même d'une bonne nouvelle, puisque cela indique que la population répond à l'appel.

La situation devrait être rétablie à compter de jeudi, a-t-il assuré, alors qu'une nouvelle livraison de doses est attendue.

Mais la rareté du vaccin fait que les régions révisent constamment leurs priorités pour utiliser toutes les doses disponibles, ce qui fait que les clientèles à vacciner peuvent varier d'une journée à l'autre ou d'une région à l'autre.

Pour pouvoir s'y retrouver, le ministre Bolduc exhorte les gens à consulter le site Internet du ministère, avant de se rendre dans un centre de vaccination, pour s'assurer qu'ils font bien partie du groupe-cible ce jour-là.

La stratégie de vaccination est «évolutive», a-t-il convenu, et va le rester.

En gros, la priorité est donnée cette semaine aux jeunes de 5 à 19 ans. Puis, ce sera le tour des malades chroniques et par la suite de la population en général.

Depuis le début de la deuxième vague, en août, le virus a fait 14 morts au Québec.

Le pire de la pandémie reste encore à venir, cependant, et le nombre de cas devrait atteindre un sommet d'ici une semaine ou deux.

En prévision d'un nombre croissant de cas avec complications nécessitant une hospitalisation, Québec a libéré récemment 800 lits de courte durée dans les hôpitaux.

Dans les écoles, la situation est sous contrôle, même si les enfants font partie des groupes les plus affectés.

On compte 600 écoles, sur un total de 3428 établissements, où le taux d'absentéisme des enfants dû au virus dépasse les 10 pour cent. Et on en compte 135 où le taux d'absentéisme des enseignants dépasse cette norme.

Depuis le début, pour éviter d'engorger le réseau de la santé et de propager le virus, 34 cliniques de grippe, réservées exclusivement aux malades, ont ouvert leurs portes dans une dizaine de régions.