La Fédération interprofessionnelle de la Santé du Québec (FIQ) somme le ministre de la Santé, Yves Bolduc, de s'excuser. Elle estime qu'il a injustement visé les infirmières en faisant allusion aux passe-droits accordés dans des centres de vaccination.

«Depuis mercredi, devant les dérapages et son leadership chancelant, il nous menace de congédier celles qui n'auraient pas vacciné les personnes des groupes prioritaires, a déclaré Régine Laurent, présidente de la FIQ. Pour nous, ça suffit, de la part du ministre, de nous traiter avec mépris.»

Appelé à expliquer, mardi, pourquoi des gens ont pu être vaccinés avant leur tour, M. Bolduc avait répondu : «Dans le passé, on pouvait attribuer de tels passe-droits à un manque de jugement de la part des infirmières.» Avec le rappel de la directive, «à l'avenir, on jugera qu'elles font preuve de mauvaise foi», a-t-il ajouté.

Choquée, Mme Laurent exige des excuses de la part du ministre. «Quand c'est mon voisin qui parle, ça a une portée. Quand c'est le ministre de la Santé qui parle, la portée est différente», a-t-elle lancé.

Peu de temps avant cette sortie des infirmières, la chef péquiste, Pauline Marois, avait aussi accusé le ministre Bolduc de mépriser les infirmières et de «littéralement démotiver le personnel du réseau».

«Depuis le début de la campagne de vaccination, elles tiennent à bout de bras les centres, avec compétence et avec coeur. Ce n'est pas le ministre qui est sur place pour retourner les personnes bredouilles quand il n'y a plus de coupons», a-t-elle lancé à l'Assemblée nationale. Ce sont ces infirmières qui «subissent jour après jours les foudres des personnes frustrées par le cafouillage dans la campagne», a-t-elle poursuivi.

Le ministre de la Santé s'est d'abord défendu d'avoir visé précisément les infirmières. «Les passe-droits sont inacceptables, on a dit qu'on n'en voulait plus», a-t-il dit. Il a expliqué que les employés qui dérogent aux règles s'exposent à des sanctions. Le ministre parle même de congédiement dans le cas d'une personne qui volerait des vaccins pour les vendre.

«On veut une règle stricte, mais on va l'appliquer avec humanité. Je n'ai jamais remis en question le travail des infirmières, mais je pense que la consigne doit être claire», a soutenu le ministre.

Compte tenu de l'ampleur de l'opération, il est prévisible qu'il y ait «des anecdotes, des anomalies», a-t-il ajouté.

La FIQ a tenu à préciser que les infirmières se trouvent au bout du processus dans les centres de vaccination. Par conséquent, plaide la fédération, elles ne peuvent veiller seules au respect des priorités dans l'ordre de vaccination.

Au cours des dernières semaines, le fait que membres de conseils d'administration d'hôpitaux, certains donateurs de l'Hôpital juif de Montréal et le chanteur Claude Dubois aient pu obtenir le vaccin avant leur temps a soulevé l'indignation de la population.

Le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) des Pays-d'en-Haut, où le chanteur Claude Dubois a pu bénéficier d'un passe-droit, a d'ailleurs précisé mercredi que sa direction avait pris les mesures nécessaires pour que de telles situations «malencontreuses» ne se reproduisent plus.

«La direction du CSSS a déclenché une enquête interne qui a permis de rencontrer tous les intervenants. Ceux-ci ont été avisés que nous ne tolérerons plus d'écarts à l'égard des consignes», ont déclaré les administrateurs du centre par voie de communiqué.

Vaccins pour les élèves

Le critique du Parti québécois en matière de santé, Bernard Drainville, a aussi réclamé mercredi que les élèves puissent être vaccinés à l'école. Dans sa circonscription de Marie-Victorin, la commission scolaire compte un total de 28 000 élèves, ce qui représente 568 autobus remplis d'élèves si Québec va de l'avant avec son plan d'amener les écoliers aux centres de vaccination.

«Méchante classe verte ! C'est évident que la solution, c'est les vaccins dans les écoles», a lancé M. Drainville.

Pour Yves Bolduc, il est impensable de demander aux infirmières des écoles de faire la vaccination. «Deux infirmières pour 1500 élèves, quand cela va finir ? Il faut vacciner le plus rapidement possible le maximum d'enfants. Si on retarde là, le reste des clientèles vont être retardées», a-t-il expliqué.