Un mois après le début de la campagne de vaccination, les conditions de travail des infirmières ne sont toujours pas négociées, contrairement à celles des médecins omnipraticiens.

Résultat, dans certains centres de vaccination, des infirmières se voient contraintes de travailler 12 heures par jour à taux simple. Les instances syndicales s'inquiètent de voir certains employeurs renégocier à la baisse les conditions de travail du personnel de la santé.

 

«Beaucoup d'employeurs ont proposé aux équipes locales de signer une entente pour modifier les conditions de travail. On a dit à nos membres d'attendre et de refuser de signer des ententes», indique la présidente de la Fédération interprofessionnelle du Québec, Régine Laurent.

La FIQ souhaite que les règles soient uniformisées dans tout le Québec dans le contexte particulier de pandémie.

Les infirmières sont prêtes à faire leur part, souligne Mme Laurent. Mais une journée de travail de 12 heures doit comporter suffisamment de pauses et la semaine doit être limitée à trois jours de travail, ajoute-t-elle du même souffle.

«Lorsqu'on fait de la vaccination, c'est vraiment du travail à la chaîne. Il faut que les gens puissent changer de tâches parce que 12 heures, ça devient lourd.»

Une infirmière de Laval s'est plainte à La Presse des conditions dans lesquelles ses collègues et elle doivent travailler. La situation a été dénoncée jusqu'aux plus hautes instantes, au cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc. Des discussions sont en cours avec l'employeur pour trouver un terrain d'entente.

«L'employeur a agi de façon arbitraire», souligne le président du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval-CSQ, Jean-François Caron.

Les conditions de travail en cas de pandémie auraient dû être négociées depuis longtemps, déplore M. Caron. «La pandémie est appréhendée depuis longtemps, cela n'a pas apparu il y a un mois. Les employeurs auraient eu le temps de discuter avec nous.»

La situation de Laval est exceptionnelle, réplique Marie-Ève Bédard, l'attachée de presse du ministre Bolduc. Bien que des discussions aient lieu concernant les conditions de travail du personnel de la santé, elles ne visent qu'à encadrer un hypothétique décret.

Si la pandémie atteignait des proportions graves (plus de malades, plus de travailleurs absents), le gouvernement pourrait adopter un décret.

«Un décret déterminerait par exemple l'utilisation optimale des ressources du réseau en discutant des grands enjeux. Mais nous sommes très loin de cette situation», mentionne Mme Bédard.

Pour sa part, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec a conclu récemment une entente avec Québec pour modifier la rémunération des médecins. Ceux qui acceptent de travailler dans les cliniques de grippe, par exemple, reçoivent une compensation financière.

«C'est une situation différente, car les médecins sont des travailleurs autonomes. Il s'agit de compenser leur perte de revenus lorsqu'ils acceptent de venir donner un coup de main.», précise Mme Bédard.