Beaucoup de Montréalais demeurent inquiets, voire réfractaires au vaccin contre la grippe A (H1N1). D'après un sondage mené par la Direction de la santé publique de Montréal, 20% des répondants sont indécis face au vaccin, et 23% n'ont tout simplement pas l'intention de répondre à l'appel du gouvernement. La principale raison invoquée par les Montréalais pour ne pas se faire vacciner (11%) est qu'il se jugent en assez bonne santé pour faire face à la maladie. De plus, beaucoup ne croient pas en son efficacité.

«Quelque 70% des personnes qui sont hospitalisées ont moins de 50 ans. Quand on est assez malade pour avoir besoin d'un lit à l'hôpital, ce n'est pas de la tarte», a rétorqué le Dr Alain Poirier, directeur national de la Santé publique, qui s'est d'ailleurs présenté devant les médias avec le coupon pour le vaccin qu'il devait recevoir hier en Montérégie.

La Direction de la santé publique de Montréal a mené trois études jusqu'à maintenant pour connaître l'intérêt de sa population pour le vaccin. En juillet, 63% des Montréalais voulaient se faire vacciner. En octobre, cette proportion a chuté à 51%, pour remonter à 57% au début du mois de novembre (cette étude ne détaille pas les raisons personnelles).

Le coordonnateur des enquêtes à Montréal, Louis-Robert Frigault, estime qu'en comptant les personnes déjà vaccinées, environ 60% des Montréalais se feront vacciner. Ce taux, légèrement plus bas que celui espéré par le ministère de la Santé (entre 70 et 80%), préoccupe le Dr Poirier et Michel C. Doré, coordonnateur gouvernemental en sécurité civile.

Si trop de Québécois boudent le vaccin, le Québec pourrait faire face à une troisième vague de la pandémie cet hiver, voire une quatrième, a prévenu hier M.Doré. Il en a profité pour «lancer un défi» aux Québécois convaincus de l'utilité du vaccin: que chacun persuade au moins une personne de se faire vacciner.

Or, malgré ces prévisions, la campagne de vaccination va encore rondement, assure Québec. Dans la journée de jeudi seulement, 149 236 personnes ont reçu le vaccin. La semaine prochaine, si l'intérêt pour la vaccination se maintient, près d'un million de personnes pourraient se faire vacciner au Québec. Jusqu'à maintenant, plus de 2,4 millions de personnes ont été vaccinées dans la province. Sur le lot, 38 personnes ont subi une «manifestation clinique sévère» après avoir reçu le vaccin, une forte réaction allergique par exemple.

Au cours des prochains jours, toutes les régions du Québec offriront la vaccination à la totalité de leur population. Les centres de santé et de services sociaux se montrent ainsi plus flexibles et vaccinent notamment les femmes qui vivent une grossesse à risque dans les hôpitaux. Les résidants de centres de soins de longue durée bénéficient aussi de la vaccination sans se déplacer.

Enfin, la Direction de la santé publique a noté un effet positif des gestes que font les Québécois pour se prémunir de la grippe, comme le lavage plus fréquent des mains. «Au cours du dernier mois, on a eu notre record du plus bas taux de C. difficile au Québec, a affirmé le Dr Poirier. C'est peut-être un hasard, mais c'est une autre démonstration que le lavage de mains, une formule si simple et si banale, fonctionne dans la transmission de plein de maladies.»

Toujours «intense», selon l'OMS

D'après le plus récent rapport de l'Organisation mondiale de la santé, la pandémie de grippe A (H1N1) demeure «intense» sur la planète. Du tout premier cas rapporté au Mexique jusqu'à la mi-novembre, environ 7820 personnes sont mortes de cette souche d'influenza dans le monde. L'Amérique du Nord et l'Europe sont les continents les plus touchés.

Au Canada, 280 personnes ont perdu la vie après avoir contracté la grippe A(H1N1) entre le début de la pandémie et le 21 novembre. Bon an, mal an, la grippe saisonnière - combinée à la pneumonie - est l'une des principales causes de mortalité au Canada. D'après des données compilées par Statistique Canada, de 2000 à 2003, l'influenza et les pneumonies figuraient au huitième rang des causes de mortalité, derrière le cancer, les maladies cardiaques, les maladies cérébrovasculaires, les troubles respiratoires chroniques, les blessures involontaires et le diabète.

Encore des inquiétudes

Raisons les plus fréquemment invoquées par les personnes n'ayant pas l'intention de se faire vacciner :

> «Je suis en bonne santé» 11%

> «Je suis contre la vaccination/je n'y crois pas» 6%

> «On ne sait pas si c'est efficace» 6%

Raisons les plus fréquemment invoquées par les personnes indécises quant à la vaccination:

> «Je manque d'informations pour me décider» 17%

> «J'ai peur des effets secondaires» 11%

> «On ne sait pas si le vaccin est sûr» 9%

D'après un sondage mené auprès des Montréalais par la Direction de la santé publique de Montréal, du 21 au 30 octobre.