Investissement Québec et le Mouvement Desjardins veulent expliquer pourquoi ils ont généreusement aidé une entreprise qui semblait déjà en difficulté il y a deux ans.

«Dans le but de continuer à faire la lumière en ce qui a trait à la dégradation rapide de la situation financière de l'entreprise BCIA, le Mouvement Desjardins et Investissement Québec ont convenu de mandater une firme de juricomptables afin d'analyser de façon exhaustive le dossier de l'entreprise», a fait savoir hier Investissement Québec par voie de communiqué.

 

Des sources proches du dossier ont par ailleurs affirmé à La Presse que les deux institutions voulaient procéder rapidement.

«À partir des conclusions de cette analyse, le Mouvement Desjardins et Investissement Québec décideront des gestes à poser afin de maximiser la récupération des sommes en jeu», poursuit le texte.

Les sommes en jeu sont importantes. À l'Assemblée nationale, hier, on n'a pas caché que l'on est «préoccupé» par le dossier BCIA. Le Mouvement Desjardins est «exposé» pour 10 millions de dollars dans cette entreprise désormais en faillite. Des fonds publics sont aussi en cause: Investissement Québec, par le truchement des Fonds d'intervention économique régionaux (FIER), a injecté 4 millions dans l'entreprise de Luigi Coretti. Sans compter une assistance spéciale par le programme Renfort, fin 2009, 1,5 million de plus est garanti.

Hier, le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a indiqué qu'il est quotidiennement en contact avec Investissement Québec. Le syndic est en train de regarder le dossier de faillite, et IQ a le mandat de chercher «toutes les options possibles pour voir s'il y a un cas de fraude ou de malversation. Si c'est le cas, on va bouger», a promis M. Gignac.

«Pour des raisons encore floues, le gouvernement a investi des millions en fonds publics dans cette entreprise. Où est rendu cet argent?» a lancé Bertrand Saint-Arnaud, député péquiste de Chambly.

L'ouverture de Québec aux réclamations de Luigi Coretti, ami de l'ex-ministre Tony Tomassi, a suscité de nouvelles questions de l'opposition, d'autant plus que La Presse a révélé hier que, dans ce dossier, Desjardins s'était contenté d'un examen sommaire des états financiers.

Desjardins «fait habituellement un travail très important dans plusieurs dossiers, a dit M. Gignac. Dans plusieurs cas, il y a des états financiers vérifiés. Dans d'autres, ce sont des missions d'examen.»

Selon Sylvain Simard, député péquiste de Richelieu, les experts s'entendent pour dire qu'une «mission d'examen» n'est pas suffisante dans ces dossiers troubles.

Luigi Coretti «avait déjà deux faillites derrière la cravate», il était poursuivi par la Commission des normes du travail pour salaires impayés, et pourtant on lui a accordé des fonds publics; on lui a même accordé un permis de port d'arme tout à fait exceptionnel. «Pourquoi cette succession de passe-droits à Luigi Coretti?» a demandé M. Simard.

Le ministre Gignac a soutenu qu'il n'y avait pas eu de favoritisme et que BCIA respectait toutes les normes quand Québec l'a appuyée par le programme Renfort, à la fin de 2009.

Depuis le début de la controverse, BCIA a perdu plusieurs contrats.