Un premier contingent de 180 militaires de la base de Valcartier s'est envolé dimanche soir pour une périlleuse mission de six mois en Afghanistan, laissant derrière eux des proches à la fois fiers et inquiets.

Au total, 1600 militaires de Valcartier vont quitter graduellement dans les prochaines semaines et relever leurs collègues de Petawawa dans la dangeureuse région de Kandahar, afin de lutter contre le terrorisme et appuyer la reconstruction du pays.

«Ca me met à l'envers. Quand on regarde les nouvelles, on voit qu'on en perd des soldats de temps en temps, personne n'est à l'abri là-bas», a confié Pierre Gagné, dont le fils Jacques participe à une première mission à l'étranger.

Souriant, le jeune caporal de 27 ans, de Saint-Jean-sur-Richelieu, se montrait pour sa part confiant, à quelques minutes du départ.

«Je me sens bien. On a tout fait ce qu'il fallait pour être prêt, puis, d'après moi, on fait une bonne job là-bas, la situation s'est améliorée», a commenté celui qui agira à titre de technicien en approvisionnement.

A ses côtés, sa soeur a témoigné des sentiments partagés des membres de sa famille.

«Je suis contente qu'il parte pour faire ce voyage, mais je suis très stressée», a indiqué Manon Gagné.

Près d'eux, le sergent Louise Berragan jouissait de l'appui bien visible de ses enfants et de son conjoint, qui arboraient un t-shirt rouge sur lequel on pouvait lire «Je supporte Loulou».

«C'est ma première mission et c'est une drôle d'émotion. Je me sens fébrile et j'ai hâte de partir, mais en même temps, il y a une tristesse de laisser la famille», a précisé celle qui sera chef de la police militaire sur place.

Le lieutenant Vincent Saint-Onge, qui en est aussi à son premier déploiement, verra pour sa part ses connaissances en marketing mises à contribution sur le terrain.

Le jeune homme de 26 ans, de Saint-Etienne-des-Grès, tentera d'analyser la culture afghane et influencer la population locale afin qu'elle appuie la démarche de démocratisation.

«C'est sûr qu'il y a des risques, on se dit parfois qu'on peut être blessé. Mais, ma plus grande crainte ce n'est pas ça, ce serait de ne pas réussir mon travail.»

Au milieu des familles réunies pour le grand départ, la ministre fédérale responsable de la région de Québec, Josée Verner, tenait à saluer les militaires qui ont accepté de relever ce défi empreint de sacrifices.

«J'ai de l'admiration pour leur courage. Ils savent dans quoi ils s'embarquent, c'est une mission difficile. Mais, ils savent aussi qu'ils vont faire le bien», a-t-elle brièvement commenté.

Les membres du 5e Groupe-brigade mécanisé du Canada ont suivi un entraînement préparatoire au cours de la dernière année, notamment à Wainwright, en Alberta, et à Fort Bliss, au Texas.

Moins de deux cents d'entre eux étaient aussi de la rotation de juin 2007 à février 2008, alors que des militaires de Valcartier étaient déployés pour la première fois dans le sud de l'Afghanistan.

«C'est important de s'assurer que nos gens ont le temps nécessaire pour reprendre le rythme de la vie ici au pays, avant de les envoyer à nouveau pour une mission si exigeante, de façon à ce qu'il n'y ait pas d'épuisement professionnel», a expliqué l'officier d'affaires publiques, Bruno Tremblay.

«Notre travail est d'aider les Afghans à rebâtir leur pays et se donner une démocratie qui leur ressemble, selon leurs valeurs et leur culture», a-t-il résumé.

L'insurection des talibans continue toutefois de semer la terreur, notamment dans la région de Kandahar.

Jusqu'ici, 112 militaires canadiens ont perdu la vie en Afghanistan.