Les correspondants de guerre couvrant les opérations des Forces canadiennes en Afghanistan comptent de nombreux lecteurs assidus, mais parmi ces derniers, aucun ne leur est plus fidèle que le gouvernement canadien.

Des documents obtenus par La Presse Canadienne permettent d'apprendre jusqu'à quel point les reporters en poste au terrain d'aviation de Kandahar sont surveillés par les officiers sur place.

Les articles des journalistes sont ensuite envoyés à des responsables gouvernementaux à Ottawa.

Obtenus en vertu des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information, les documents démontrent que les questions posées par les journalistes, ce qu'ils écrivent et ce qui leur est dit font l'objet de notes que s'échangent des officiers à Kandahar, leurs commandants à Ottawa ainsi que des responsables civils en contact avec le premier ministre fédéral Stephen Harper.

Chris Waddell, professeur de journalisme à l'Université Carleton, à Ottawa, affirme que personne ne devrait s'étonner du fait que les reporters sont surveillés de près. Toutefois, l'ampleur de cette surveillance démontre l'importance qu'accorde le gouvernement conservateur aux informations en provenance d'Afghanistan.

«Ils veulent contrôler les médias et veulent contrôler ce qui se passe et ce qui arrive de Kandahar. Ils ne veulent pas être pris par surprise lors la période des questions», a déclaré M. Waddell.

«Les médias ne réalisent peut-être pas à quel point ils sont surveillés», a-t-il ajouté.

Au moins six organismes reçoivent les notes d'information. Ils incluent le quartier général à Ottawa de la force opérationnelle déployée en Afghanistan, le ministère fédéral des Affaires étrangères, l'Agence canadienne de développement international (ACDI), le bureau militaire des opérations psychologiques, celui du vérificateur militaire ainsi que le Bureau du Conseil privé.

Les documents détaillent quels sont les organes de presse comptant des journalistes sur le terrain, quelles informations ils ont demandé à obtenir et quels sont les sujets sur lesquels ils travaillent.

Ils permettent également d'apprendre que certaines demandes d'entrevue sont approuvées ou refusées par le Bureau du Conseil privé.