Un ancien diplomate canadien et témoin clé dans une enquête sur le traitement infligé à des prisonniers de guerre afghans s'est vu museler par le gouvernement fédéral, a appris mercredi La Presse Canadienne.

Richard Colvin est bien au fait du traitement infligé à des prisonniers talibans et de ce que les Forces armées canadiennes pourraient avoir su au sujet d'allégations de torture à Kandahar.

Les avocats du gouvernement fédéral ont invoqué une clause sur la sécurité nationale figurant dans la Loi sur la preuve au Canada pour éviter que M. Colvin ne témoigne devant la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire.

Ils ont également déposé une requête en Cour fédérale pour exclure les noms de M. Colvin et de 22 autres hauts fonctionnaires et officiers de l'armée d'une liste de témoins cités à comparaître par la commission dans le cadre des travaux de l'enquête.

Les audiences de la commission débutent lundi.

Richard Colvin était directeur au bureau canadien pour la reconstruction de l'Afghanistan dans la province de Kandahar en 2006, lorsque l'armée canadienne a commencé à transférer des prisonniers aux services secrets afghans.

Des personnes ont affirmé que certains de ces prisonniers avaient été torturés. Deux groupes pour les droits de la personne ont soutenu que les autorités canadiennes étaient au courant de ces allégations, ou qu'elles auraient dû l'être.

La Cour fédérale a récemment circonscrit les travaux de l'enquête de la commission aux agissements d'officiers de la police militaire. Les avocats du gouvernement arguent que les témoins cités à comparaître ne disposent pas d'informations à ce sujet.

Mais l'avocate de M. Colvin soutient, dans une lettre dont La Presse Canadienne a obtenu copie, que son client est au courant de ce que savait la police militaire canadienne et qu'il détient des documents pertinents concernant de possibles cas de torture.