blank_pagePas question de rendre publics en totalité les rapports qui font état d'allégations de torture en Afghanistan, soutient le ministre du Commerce international, Stockwell Day. Et si l'opposition n'est pas satisfaite, qu'elle s'adresse aux tribunaux, a-t-il dit, hier, à Ottawa.

blank_pagePrésident du comité du cabinet sur l'Afghanistan, M. Day présentait hier le sixième rapport sur l'engagement canadien dans le pays, qui fait état du trimestre le plus violent sur le terrain depuis 2001, avec une nette recrudescence de l'activité insurrectionnelle. Mais alors que le gouvernement estime qu'il est le plus «transparent», avec la publication de ces rapports trimestriels, l'opposition l'accuse de cacher la vérité sur les prisonniers remis aux autorités afghanes par l'armée canadienne. Jeudi, la session parlementaire s'est terminée avec l'adoption d'une motion des partis de l'opposition, qui réclame que le gouvernement fournisse aux parlementaires une série de documents non censurés concernant le transfert de détenus afghans. Ottawa s'y refuse, pour des questions de sécurité, depuis le début de la controverse lancée par le témoignage explosif du diplomate Richard Colvin le mois dernier.

«La loi est très claire. Il y a des situations qui soulèvent des préoccupations concernant la sécurité. Ce sont des missions de très haute importance. Il y a certains détails qui, s'ils étaient rendus publics, ne feraient qu'aider l'ennemi», a dit le ministre Day, hier.

Le gouvernement rendra publics les documents demandés dans la mesure du possible et dans les limites de la loi, s'est-il contenté de dire. Certaines informations seront donc très certainement censurées, ce qui pourrait mener à une complexe bataille de privilèges parlementaires. Les «droits collectifs de la Chambre» stipulent que le Parlement a le pouvoir d'ordonner la production de documents, sans quoi le gouvernement s'expose à des mesures disciplinaires.

Selon un sondage Ekos-CBC publié jeudi, une majorité de Canadiens ne croient pas la version du gouvernement et estiment que les prisonniers remis par le Canada aux autorités afghanes ont été torturés. M. Day a préféré se réjouir du fait que près de la moitié des Canadiens soutiennent toujours la mission en Afghanistan.

Ottawa affirme depuis le début qu'il n'existe aucune preuve que des détenus transférés par le Canada ont été torturés. Or, la volte-face du général Walt Natynczyk, qui a admis cette semaine qu'au moins un prisonnier avait été torturé, a mené l'opposition à réclamer la démission du ministre de la Défense nationale, Peter MacKay, en plus de continuer à demander une enquête publique.

Le ministre Day a par ailleurs rejeté d'un revers de main la lettre d'anciens ambassadeurs qui condamnaient les tentatives du gouvernement de discréditer le travail de l'un des leurs, le diplomate Richard Colvin.

«Il y a plusieurs hauts responsables qui ont estimé que nous avons fait les choses correctement, dont certains grands généraux militaires», a rétorqué M. Day, en conférence de presse.

Le sixième rapport sur l'engagement canadien note que 223 soldats de la Force internationale d'assistance à la sécurité, dont 11 Canadiens, sont morts entre le 1er juillet et le 30 septembre 2009. C'est aussi pendant ce trimestre que se sont déroulées les élections afghanes, sous haute surveillance, avec davantage de troupes déployées, mais aussi davantage de violence insurrectionnelle.

Néanmoins, le ministre Day s'est réjoui des progrès accomplis pendant la même période; le Canada a notamment parachevé la construction ou la rénovation de sept écoles, pour un total de 12 projets. L'objectif du Canada est de remettre en état 50 écoles d'ici à 2011.