La guerre en Afghanistan a fait sa première victime dans le monde journalistique canadien. Michelle Lang, reporter du Calgary Herald, est morte mercredi dans une explosion qui a également coûté la vie à quatre soldats canadiens.

Mme Lang, 34 ans, accompagnait un convoi de soldats dans la région de Kandahar quand une bombe artisanale a explosé au passage du véhicule blindé dans lequel elle se trouvait, vers 16 h. Quatre soldats ont perdu la vie et un diplomate a été blessé.

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Michelle Lang était arrivée à Kandahar à la mi-décembre. Elle est la première journaliste canadienne à mourir en Afghanistan depuis que le Canada y a déployé ses troupes, en 2002.

L'attaque d'mercredi est l'une des plus mortelles pour l'armée depuis le début de la mission. En 2007, deux attaques distinctes avaient fait chacune six morts. «Au nom de tous les membres des Forces canadiennes en Afghanistan, j'offre mes sincères condoléances aux familles et aux amis», a déclaré le chef du contingent canadien en Afghanistan, le général Daniel Ménard.

L'identité des soldats qui ont péri n'a pas été dévoilée mercredi parce que les familles n'avaient pas été toutes avisées. L'incident porte à 138 le nombre de soldats canadiens tués en Afghanistan.

Collègues secoués

La mort de Michelle Lang a secoué ses collègues et le monde journalistique canadien, mercredi soir. «Son départ laisse un trou béant dans la famille des journalistes, qu'ils travaillent au Herald, pour CanWest ou ailleurs», a déclaré Lorne Motley, le rédacteur en chef du Calgary Herald,

Joint par La Presse, M. Motley a indiqué que Michelle Lang, qui couvrait habituellement le monde de la santé, en était à sa première affectation en Afghanistan. «C'est une journée extrêmement difficile pour nous», a-t-il dit.

Lorne Motley ignore pour l'instant si le Calgary Herald enverra d'autres journalistes dans ce pays. «Nous devons prendre du recul, a-t-il dit. Notre priorité est d'offrir du soutien à nos employés et aux proches de Michelle.»

Malgré ces drames, les médias ont le devoir de continuer à envoyer des reporters en Afghanistan, estime Alain Saulnier, directeur de l'information de Radio-Canada. «Le Canada est en guerre, a-t-il rappelé. L'incident qui vient de survenir incitera les médias à réfléchir sur la façon de couvrir cette guerre, sur les précautions à prendre.»

M. Saulnier souligne que son équipe se pose davantage de questions depuis que le caméraman Charles Dubois a été grièvement blessé dans l'explosion d'une bombe artisanale, en août 2007. Son collègue, le journaliste Patrice Roy, s'en était tiré indemne.

Après cet incident, les Forces canadiennes ont demandé aux journalistes de porter une plaque d'identité en tout temps dans l'éventualité où ils seraient blessés ou tués.

D'autres reporters canadiens ont frôlé la mort au cours des dernières années. L'an dernier, la reporter Melissa Fung de CBC a été kidnappée et détenue pendant près d'un mois. Depuis 1992, 20 journalistes ont perdu la vie en Afghanistan.

Condoléances de Harper

Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a adressé ses condoléances aux familles des victimes. Il a appelé les Canadiens à «ne pas oublier» les journalistes qui risquent leur vie «en reportage aux côtés des hommes et des femmes des Forces canadiennes dans une des régions les plus dangereuses du monde».

L'annonce de cet incident a coïncidé, à quelques heures près, avec celle de la mort de huit Américains dans un attentat suicide commis sur une base militaire américaine dans l'est de l'Afghanistan. La plupart travaillaient pour la CIA, selon The Wahington Post.

Le Canada a déployé quelque 2800 soldats dans la région de Kandahar, bastion des talibans au sud de l'Afghanistan. Ce contingent doit être rapatrié en 2011.

- Avec le Calgary Herald et l'Agence France-Presse