Alors que les travaux du comité ad hoc sur la mission canadienne en Afghanistan reprennent ce matin, le dossier des prisonniers afghans a une fois de plus dominé la période des questions à la Chambre des communes, hier.

Dans une entrevue à CBC, l'ancien numéro 2 de l'ambassade canadienne à Kaboul, Eillen Olexiuk, a indiqué qu'elle avait alerté le gouvernement dès 2005 du risque élevé que les prisonniers remis aux autorités afghanes par le Canada soient torturés.

 

Mme Olexiuk affirme avoir envoyé trois rapports en trois ans au gouvernement libéral de Paul Martin, qui aurait alors selon elle ignoré ses signaux d'alarme.

Pour l'opposition, ces nouvelles révélations ne font que confirmer la nécessité d'une enquête publique pour faire la lumière sur l'ensemble du dossier.

«Nous n'avons pas peur que la lumière soit faite sur toute l'histoire, y compris sous un gouvernement libéral. La question ne vise pas les conservateurs ou les libéraux, la question vise le gouvernement du Canada, a souligné le critique libéral en matière d'affaires étrangères, Bob Rae. C'est pourquoi nous pensons qu'il faut une enquête publique. C'est la seule façon d'aller au fond des choses.»

«Nous serons très probablement dans des situations similaires dans les années à venir et il faut que la politique du gouvernement canadien soit claire et basée sur notre expérience», a-t-il ajouté.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, croit que l'ancien gouvernement libéral est tout autant à blâmer que les troupes de Stephen Harper pour avoir «fermé les yeux» sur les risques que couraient les prisonniers afghans.

«Libéraux et conservateurs, les deux ne respectent pas la convention de Genève (sur les prisonniers de guerre); les deux se sont moqués du Parlement et continuent de le faire», a lancé le chef bloquiste.

Pour le NPD, une enquête publique sera le seul moyen de savoir «qui savait quoi et quand». «C'est une question de responsabilité. Celle de ce gouvernement et celle du précédent gouvernement», a dit le député néo-démocrate Jack Harris.

Bombardés de questions en Chambre, les ministres conservateurs ont tour à tour martelé qu'ils avaient, eux, agi pour corriger la situation en adoptant une nouvelle entente sur les transferts en 2007, contrairement au gouvernement libéral de Paul Martin.

Le comité sur la mission canadienne en Afghanistan, reconstitué malgré la prorogation du Parlement, comme l'avait promis le gouvernement, tient sa première réunion ce matin et doit élire un nouveau président.