Des spécialistes du renseignement estiment que l'éventuelle mise sur pied d'un comité spécial de parlementaires pour examiner des documents sensibles sur des détenus afghans pourrait contribuer à dénouer la crise politique naissante au sujet de l'accès à l'information.

Frank Iacobucci, ancien juge de la Cour suprême du Canada, a reçu le mandat d'étudier des documents portant sur de possibles cas de torture de prisonniers en Afghanistan. Pour la troisième fois, le gouvernement conservateur s'est ainsi tourné vers quelqu'un de l'extérieur pour se pencher sur une importante question de sécurité.

M. Iacobucci a également étudié le rôle joué par des responsables fédéraux dans la torture à l'étranger de trois Arabo-Canadiens, tandis qu'un autre ex-juge de la plus haute cour au pays, John Major, préside actuellement une enquête sur l'attentat d'Air India.

Cependant, le principe d'un comité parlementaire sur la sécurité nationale est ignoré par le fédéral.

Ce comité, inspiré largement de celui du même genre qui a été mis en place en Angleterre, serait constitué de députés et de sénateurs qui auraient le mandat d'étudier à la loupe le secteur canadien de la sécurité et du renseignement, et d'examiner des dossiers précis.

Les renseignements qui pourraient mettre en péril la sécurité de personnes ou compromettre une opération seraient retenus, et le matériel reçu d'alliés internationaux du Canada ne serait remis aux membres qu'avec le consentement des parties concernées.

Les membres du comité feraient un serment de confidentialité afin de garder le secret au sujet des documents sensibles auxquels ils auraient accès. Les comités des Communes et du Sénat en place en ce moment n'ont habituellement pas accès à des documents secrets.

Toutefois, ni les libéraux ni les conservateurs, arrivés au pouvoir il y a quatre ans, ne sont allés de l'avant avec l'idée d'un comité plus costaud sur la sécurité nationale.

Les partis de l'opposition exercent des pressions afin d'avoir un accès complet aux documents relatifs aux transferts de détenus, affirmant qu'ils permettraient d'expliquer ce que les politiciens et les militaires savaient au sujet de cette affaire.

Des questions ont surgi depuis que le diplomate Richard Colvin a affirmé l'an dernier que la plupart des détenus remis par le Canada aux autorités afghanes avaient par la suite été torturés.

«Je crois que l'affaire Colvin rend plus que jamais nécessaire un comité parlementaire», a affirmé Stuart Farson, professeur auxiliaire de sciences politiques à l'Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique.

L'an dernier, le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes a pressé le gouvernement d'appuyer la création d'un comité parlementaire sur la sécurité.