L'armée canadienne a discrètement cessé d'informer le public lorsque des soldats étaient blessés sur les champs de batailles en Afghanistan, et livrera plutôt des statistiques annuelles à cet effet.

Ce changement abrupt de politique est décrit par les Forces canadiennes comme une tentative délibérée de garder les talibans dans l'ignorance.

Le décès, ce week-end, du caporal Darren Fitzpatrick dans un centre de traumatologie d'Edmonton après avoir été blessé dans l'explosion d'une bombe artisanale a propulsé cette nouvelle directive à l'avant-plan. Le soldat de 21 ans avait été blessé le 6 mars lors d'un incident qui n'avait pas été révélé au public.

Darren Fitzpatrick, un membre du 3e Bataillon, Princess Patricia's Canadian Light Infantry, effectuait une patrouille à pied avec des soldats afghans lorsque l'explosion a eu lieu dans le district agité de Zhari, à l'ouest de Kandahar.

D'autres incidents du même type n'ont pas été rapportés, dont un soldat qui a été blessé par balle à la jambe la semaine dernière.

Dans une déclaration écrite, mardi soir, le commandant de la Force opérationnelle interarmées en Afghanistan, le brigadier-général Daniel Ménard, a assuré que la directive était nécessaire. Il a expliqué que l'armée ne voulait pas que les militants afghans associent le nombre de blessés à des incidents spécifiques. Selon le brigadier-général Ménard, si les insurgés savaient combien de soldats étaient blessés à chaque incident, ils pourraient utiliser cette information pour améliorer leurs tactiques et causer davantage de victimes canadiennes.

C'est la première fois depuis quatre ans de combats intenses dans ce pays que les Forces canadiennes dissimulent de nouvelles informations, qui, dans ce cas, sont surnommées par les soldats eux-mêmes «estimations des dégâts de combats».

Cela fait d'ailleurs longtemps que l'armée interdit la publication de photos montrant des véhicules bombardés, soutenant que les talibans pourraient alors construire des bombes encore plus dommageables.

On ignore quand l'armée a officiellement cessé de faire le décompte public de ses blessés et si cette recommandation provient du terrain ou si elle a été émise directement par le ministère de la Défense nationale à Ottawa.

Selon le brigadier-général, la publication annuelle des statistiques sur le nombre de blessés répond adéquatement au droit du public d'être informé.

À la fin de décembre 2009, 529 soldats canadiens avaient été inscrits sur la liste des blessés sur le terrain, selon les données statistiques de l'armée. Ces chiffres comprennent tous les blessés depuis le début de la mission canadienne en Afghanistan, soit en 2002.

Depuis le début de la guerre, 141 soldats et un diplomate canadiens ont été tués.