Le Canada a dépassé ses alliés de l'OTAN dans une proportion de deux contre un en ce qui a trait au nombre de détenus remis aux autorités afghanes lors des neuf premiers mois de l'année dernière, selon des données préparées à l'intention du gouvernement de l'Afghanistan.

Ces statistiques ont été compilées par la Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan et rendues disponibles à La Presse Canadienne. Ottawa n'a pas l'intention de les rendre publiques.

Dans son plus récent rapport annuel, la commission déplore avoir de la difficulté à vérifier ce qu'il est advenu des détenus remis au service de renseignement afghan, la Direction nationale de la sécurité (DNS).

La commission, dont les activités reposent largement sur les subventions du gouvernement fédéral, a indiqué avoir été informée du transfert aux autorités afghanes de 267 présumés insurgés par le Canada, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et le Danemark, entre janvier 2009 et la fin du mois de septembre de la même année. Les Etats-Unis comptent sur leur propre système pour traiter les talibans capturés.

Parmi les alliés de l'OTAN, l'armée canadienne était largement en avant avec 163 prisonniers. La Grande-Bretagne suivait avec 93 transferts confirmés, devant les Pays-Bas, avec 10, et le Danemark, à un.

Contrairement aux autres pays, le Canada refuse de dévoiler les données à ce sujet, justifiant son refus par la sécurité des opérations et des troupes. Avant l'augmentation des soldats américains présents sur le sol afghan, Ottawa affirmait que le fait de rendre public le nombre d'insurgés capturés aiderait les talibans à retracer leurs gens, compte tenu du peu d'importance des troupes canadiennes en Afghanistan.

Les données canadiennes, cependant, sont disponibles pour quiconque en fait la demande au pays.

Avant d'avoir été poussé à surveiller les détenus lui-même, le gouvernement fédéral se tournait vers la Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan, mais il a rapidement constaté que le service de renseignement du pays fermerait la porte à l'agence. Trois ans plus tard, la situation demeure la même.

Le Comité international de la Croix-Rouge se penche également sur le sort réservé aux prisonniers, mais elle a refusé de faire quelque commentaire que ce soit à ce sujet, la semaine dernière.