Il y a un gouffre entre ce que la population de Kandahar, en Afghanistan, souhaite en ce qui a trait à la reconstruction de la région et ce que la communauté internationale, incluant le Canada, a jusqu'à présent réalisé, selon une étude menée pour le compte des Forces canadiennes.

Une évaluation de la situation, faite l'an dernier par le Commandement de la Force expéditionnaire du Canada, dresse un bilan saisissant des choix effectués par Ottawa au chapitre des projets de développement de la région.

«Nous sommes visibles, mais nous ne répondons pas aux besoins perçus», a permis de conclure un sondage qui portait sur la perception publique, obtenu par La Presse Canadienne en vertu des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information.

Questionnés quant à savoir quels étaient les plus grands défis auxquels fait face leur communauté, les gens de Kandahar ont en très grande majorité parlé de chômage, de l'instabilité de l'approvisionnement en électricité ainsi que des prix élevés comme étant leurs plus sérieuses sources de préoccupation.

L'éducation, les soins de santé et la restauration de l'irrigation - qui font tous l'objet de projets menés par le gouvernement canadien - ont moins d'importance aux yeux des personnes approchées lors d'une enquête d'opinion menée aux fins de l'étude.

«La moitié des habitants de Kandahar voient le chômage et l'électricité comme les plus importants défis de leur communauté», selon le sondage, mené en février 2009, mais inclus dans le rapport rédigé en juin dernier.

Le sondage démontre également que de nombreux Afghans ne sont pas conscients des efforts multipliés pour améliorer leur sort, ce qui constitue une révélation étonnante compte tenu de l'ampleur de la mission internationale de reconstruction.

«Peu de gens sont au courant des projets pour atténuer les deux principaux problèmes: le chômage et l'électricité», a permis de constater le sondage.

«Plusieurs habitants de Kandahar sont au courant de projets s'attaquant à des préoccupations moins prioritaires.»

Au moment où le sondage a été mené, il y régnait un sentiment d'angoisse parmi la population locale, que vise à séduire la stratégie adoptée par l'OTAN contre les insurgés.

«Moins de gens de Kandahar pensent que la prospérité de leur famille augmente, par rapport aux précédents sondages. L'aide économique internationale est fortement préférée à l'aide militaire.»

Les Forces canadiennes n'ont pas précisé la méthodologie utilisée pour le sondage, ni la taille de l'échantillon, pour des raisons de sécurité.

Le représentant civil du Canada à Kandahar, Ben Rowswell, a nié que le plan d'Ottawa ne répondait pas aux besoins des habitants, et il a indiqué que les choix étaient faits en fonction des souhaits exprimés par les Afghans, consultés en 2007-08.